THE CONSTANT GARDENER

Les livres de John Le Carré ont un point commun : celui de considérer qu’on a tort d’avoir une vision idéale du monde.

Il n’est donc pas étonnant que Fernando Meirelles, le réalisateur de l’ultra réaliste « Cité de Dieu » ait été inspiré par la mise en image d’un de ses romans qui dénonce les manigances des grands groupes pharmaceutiques prêts à toutes les manipulations humaines si celles-ci sont sources de profits.

Meirelles a une formation d’architecte et cela se sent dans la composition équilibrée de son travail qui établit avec une diplomatique fluidité l’évolution d’une love story séduisante en un thriller politique dérangeant.

Le film a été tourné au Kenya (filmé avec autant de sensible respect que les favelas de Rio) là même ou le Carré a situé son action.
Fait en soi anodin mais qui devient symptomatique de la toute puissance du 7ème art quand on sait que ce même pays a interdit la diffusion du livre sur son territoire.

L’histoire de Justin (un Ralph Fiennes qui démontre que l’adage « less is more » vaut aussi pour les acteurs), ce diplomate qui va tenter d’élucider les raisons de la mort de son épouse (une belle et passionnée Rachel Weisz) est en quelque sorte celle d’un anti Candide.

Le héros voltairien, après avoir découvert les innombrables formes du malheur des hommes, s’en revient chez lui. Désabusé par tant de misères il en conclut qu’il lui reste à cultiver son jardin.

Justin adopte une attitude inverse. Son jardin, il le cultive en début d’histoire et c’est en prenant conscience des horreurs du monde qu’il décide de s’engager

Il quittera le ron-ron ouaté de la vie diplomatique pour se frotter aux réalités et aux aléas d’un capitalisme sans concession . (m.c.a)