Duo ou face à face
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THE BUCKET LIST

Rob Reiner (USA 2008 - distributeur : Warner Bros)

Morgan Freeman, Jack Nicholson

97 min.
5 mars 2008
THE BUCKET LIST

Lorsque Philippe Geluck officiait au journal « Le Soir », dans un de ses raccourcis magiques dont il a le secret, il a demandé au Chat ce qu’il ferait s’il ne lui restait que quelque temps à vivre. ? L’impertinent matou de répondre : « Je prendrais des risques ».

Exactement ce que ne vont pas faire les deux vieux raminagrobis dans ce film dont la seule ambition est de commercialement cartonner.

Pour réussir dans cette entreprise dont sont exclues originalité, audace et surprise - ressenties sans doute comme des ingrédients qui pourraient mettre en péril son succès auprès d’un public qui n’aime pas être dérangé dans ses ronronnements de ciné-consommateurs - Rob Rainer taille un costume sur mesure à deux mythes du cinéma hollywoodien sur fond d’histoire taillée à la hache.

Edward et Carter se rencontrent à l’hôpital. Ils sont atteints d’un cancer en phase terminale. Ils décident de mettre le temps qui leur reste à réaliser leurs caprices. Ils partent faire le tour du monde, accomplir d’improbables acrobaties et renouer avec leur famille….

Malgré ou à cause du respect trop strict et dès lors caricatural du cahier des charges propres au « buddy movie » (*) - face à face entre deux gars qui n’ont pas grand-chose en commun, en l’espèce un millionnaire grincheux versus un ouvrier philosophe, et qui pépient comme deux adolescentes entre humour potache, scènes tire-larmes et considérations pseudo philosophiques - « The bucket list » au mieux déçoit au pis agace.

Par son toc (les décors exotiques sont le résultat de bidouillages digitaux), sa mise en scène poussive, le cabotinage +++ des comédiens, les grosses cordes d’un scénario ficelé à la va vite. Et son approche guillerette d’une maladie qui semble avoir si peu d’effets secondaires sur ceux qu’elle atteint qu’on finit par se demande si le metteur en scène n’a pas confondu séances de chimiothérapie et de bronzage.

L’image de Jack Nicholson est attristante. Que reste-t-il du jeune avocat épris de liberté dans « Easy Rider », du rebelle de « One flew over the cuckoo’s nest » de Milos Forman ou encore du policier dépressif de « The pledge » de Sean Penn ?

Peu de choses. Une sorte de marionnette agitée qui garde de ses derniers rôles quelques gimmicks (les rires du Jocker dans « Batman » de TimBurton), des gestes pseudo-frondeurs (montrer son derrière comme dans « Something’s gotta give » de Nancy Meyers) et la tendance du pré-gâteux à hurler ses répliques.

La résistance de Morgan Freeman, face à cette overdose de jeu, pour garder le cap d’une certaine sincérité et élégance relève du miracle….

Le seul risque pris en regardant « The bucket … » est de mourir d’ennui. C’est dommage. On y allait pour mourir … de rire (m.c.a)

(*) « Tough guys » de Jeff Kanew avec Burt Lancaster et Kirk Douglas, « Grumpy old men » de Donald Petrie avec Jack Lemmon et Walter Mattheau, « Space Cowboys » de Clint Eastwood avec lui-même, Donald Sutherland, Tommy Lee Jones