Pour un samedi soir
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THE ADJUSTMENT BUREAU

George Nolfi

Matt Damon, Emily Blunt, Anthony Mackie, Michael Kelly, John Slattery ….

107 min.
23 mars 2011
THE ADJUSTMENT BUREAU

“The Adjustment Bureau”, adaptation cinématographique d’une nouvelle de Philip K. Dick, possède un point de départ qui offre son lot de promesses et de potentiel. A l’inverse, ce point d’ancrage peut aussi représenter une branche fine et fragile qui risque de céder à tout moment, un peu branlante et prête à s’effondrer si les procédés mis en action ne sont pas à la hauteur des idées de cet auteur peu banal. Les noms de Matt Damon et d’Emily Blunt ne manquent pas d’ajouter de l’intérêt à la découverte d’une catégorie de films (trop) rarement abordée : le fantastique.

 

Pour son premier film, George Nolfi, scénariste notamment de « Ocean’s Twelve » (Steven Soderbergh, 2004) et « The Bourne Ultimatum » (Paul Greengrass, 2007), réalise, produit et rédige le scénario de cette tranche de récit.

L’histoire se concentre sur un politicien prometteur, David Norris et sa rencontre avec Elise, une danseuse en train d’éclore dans le monde artistique. Dès le premier regard, leurs êtres entrent en résonnance d’une manière inattendue et intense, comme si quelque chose de bien plus grand que la réalité présente était soudainement en action.

 

Cependant, leurs « plans » de vie respectifs ne les destinaient pas à se revoir. Et pourtant. Les forces mystérieuses régissant ce monde ont laissé de côté un petit détail qui va créer une chaîne de réactions au degré d’influence de plus en plus impliquantes. David se trouvera face à des choix de plus en plus lourds de conséquences, non seulement pour lui mais également pour Elise.

Jusqu’où peut-on poursuivre son intuition malgré les résistances apparentes et une opposition forte, voire écrasante ? David regorgera d’astuces pour défendre et faire valoir son libre-arbitre. Mais qu’adviendra-t-il s’il persévère sur cette voie ? Jusqu’où décidera-t-il de mener sa rébellion individuelle ? Pliera-t-il sous le poids de la raison, de la rationalité ?

Car auprès d’Elise, David, dont le besoin de reconnaissance et d’amour est grand et comblé, du moins en partie, par son activité politique, se sent enfin unifié. N’est-ce pas bien plus grand que toutes les « réussites » qui portent ce nom aux yeux du monde ? L’accomplissement intérieur ne vaut-il pas mille fois les sacrifices de la vie sous les feux de la rampe, d’une vie trépidante, mais non pas passionnante ?

Les problématiques posées par le sujet éveillent un intérêt certain, interpellent même. Le spectateur pourrait être troublé, transcendé, tenu lui-même dans un questionnement comparable à celui des personnages. Ce ne fût pas le cas. Malgré la qualité de l’interprétation et de l’idée de base, une partie du potentiel du film se volatilise en cours de route avec une mise en scène qui manque de dynamisme et de resserrement de manière répétée.

 

Un peu mou, trop peu empreint à captiver, le film vaut certes le détour mais ne perturbe guère le mental, encore moins l’esprit, de son spectateur. Le message fort devenu explicite à la fin du récit naît d’un bel idéal, d’une belle démarche. Dommage que l’ensemble n’ait pas sa puissance narrative et que quelques passages manquent de crédibilité pour que ce film puisse rejoindre un panthéon plus restreint de films remarquables. (Ariane Jauniaux)