SUPER 8

Prenez une cuillère - pardon, une louche - que dis-je ? , un seau de bons sentiments. Mélangez avec une énigme de seconde main et saupoudrez le tout d’effets pyrotechniques spectaculaires. Vous obtiendrez Super 8 , un cocktail impressionnant mais peu digeste.

Un groupe d’enfants parti filmer une histoire de zombies enregistre, par hasard, l’explosion d’un train transportant en secret une créature non-identifiée. Dès le début, une bonne idée (la dynamique humoristique, « à la Goonies » (*), d’un groupe de jeunes se prenant pour des aventuriers) et une mauvaise (les complots de l’armée, les monstres géants) se chamaillent pour obtenir la première place. Tristement, les effets spéciaux sont déclarés vainqueurs. J.J. Abrams, pourtant maître du mystère (**), sert du facile, du cliché, de l’attendu (Quelle espèce de créature secrète trouverait-on dans un film produit par Steven Spielberg ? Suspense, suspense …).

Le réalisateur sait s’entourer d’acteurs qui, aussi jeunes soient-ils, brillent par leur talent. Homme cultivé, il pense également à truffer son film de références (à Romero, Spielberg, … lui-même – LOST , Cloverfield ), mais sans jamais leur faire honneur ou les exploiter complètement.

Le film se laisse regarder, il est même parfois très drôle (bien que rarement volontairement) ; et le générique de fin, d’une ingéniosité sans nom, devrait vous réconcilier avec le réalisateur (et vous empêcher de regretter l’achat de votre ticket). On en conclura cependant que J.J. Abrams doit définitivement rompre avec le grand écran et retourner dans les bras du seul amour qui le lui rend bien : la télévision. 

(Aurélie Waeterinckx)

(*) The Goonies , (1985), co-écrit et produit par Steven Spielberg.
(**) J.J. Abrams est le créateur des célèbres séries « casse-tête » ALIAS , LOST et FRINGE .