Drame politico-sentimental
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SUMMER PALACE

Lou Ye (Chine 2006 - distribution : ABC Distribution)

Hao Lei, Guo Xiaodong, Lou Ye

5 décembre 2007
SUMMER PALACE

« Summer palace », dans sa traduction française « Une jeunesse chinoise », suit avec un bel à propos le trajet de Yu Hong qui quitte son village natal pour aller étudier à Pékin et connaître avec Zhou Wei une relation amoureuse exacerbée par la découverte de la liberté sexuelle et
idéologique qui bousculent la Chine durant la fin de la décennie 1980 jusqu’à ce que la répression de la place Tiennamen siffle la fin de la récréation.

« Summer.. » est un film surprenant par une approche scénaristique qui privilégie affects et sentiments avec une émotivité à laquelle la sensibilité chinoise est moins habituée que la nôtre.

Est-ce la raison pour laquelle Lou Ye a dû affronter remontrances et tracasseries, au point d’être interdit de tournage pendant un lustre, après la présentation de son film, sans autorisation gouvernementale, au festival de Cannes 2006 ?

Ou est-ce parce qu’il a osé aborder, sans auto censure, un épisode politique d’une histoire récente que les rogatons du projet maoïste souhaitent garder, encore longtemps sous le boisseau ?

Ou encore les quelques scènes expressivement sexuelles ont-elles paru trop brûlantes dans leur contenu subliminal (un appel à une libéralisation de la pensée et de l’action individuelle) pour être acceptées simplement pour ce qu’elles sont : une des représentations de la passion.

Quoi qu’il en soit "Summer palace" est un aveu. Un aveu de courage et un formidable coup de cœur pour des acteurs beaux (*), talentueux, généreux et modernes par le regard qu’ils posent sur l’amour et le monde que certains n’hésiteront pas à visiter en choisissant de s’exiler en Europe.

Il est aussi une déclaration de fabuleux intérêt pour un pays dont le film suit la transformation, avec moins de profondeur certes que Jia Zhang-ke (**), dans « Still life » mélancolique exploration des conséquences engendrées par la construction d’un barrage géant dans la région des Trois Gorges, mais avec un touchant lyrisme et une envie de coller, par l’usage de la caméra à l’épaule, à la vivacité de son évolution.

Il y a quelque chose de « La parenthèse enchantée » de Michel Spinosa dans ce « Summer… ».
Une façon un peu documentaire, un peu cliché, un peu triste de regarder une époque où les possibles semblaient à portée de mains. (m.c.a)

(*) Lei Hao notamment qui a la grâce de ses illustres prédécesseurs : Gong-Li, Zhang Ziyi, Maggie Cheung….
(**) Ou Edward Burtynsky, ce photographe qui pointe les métamorphoses infligées à la nature par l’industrie et que la cinéaste Jennifer Baichwal a suivi dans ses périples chinois dans l’intriguant "Manufactured landscapes".