A méditer
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Duncan Jones (USA/France 2010)

Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jake Gillenhaal

93 min.
20 avril 2011
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Le sillon. Le sillon de l’artiste. Le sillon qu’il crée par ses œuvres dans notre mémoire.

Celui de Duncan Jones, même s’il est encore à son entame - « Source … » est son deuxième film - est des plus prometteurs.

Déjà dans « Moon », l’intelligence de l’écriture scénaristique, le souci de déconcerter sans égarer fascinaient tout en apportant au genre dont il se revendique, le fantastique un renouveau formel élégant et saisissant.

Dans « Source … » le héros, est comme celui de " Moon ", confronté à la même nécessité : réfléchir et essayer de comprendre ce qui lui arrive. Pour en bout de course découvrir que l’univers dans lequel il évolue n’est pas celui qu’il croyait. Ce qui l’amène à une perception différente de qui il est.

Le colonel Colter Stevens est chargé d’une mission qui le condamne à revivre en boucle les 8 minutes précédant l’explosion d’un train dans lequel il n’a pas le souvenir d’être monté. Aura-t-il le temps d’identifier et d’arrêter le responsable de l’attentat ? Et que vient faire Sean Fentress dans cette aventure ?

Sans être au sens strict du terme uniquement un thriller, un film d’anticipation ou citationnel, « Source… » est miné de trouées référentielles.

 

Chacun, en fonction de son bagage mnésique, de son imagination et de sa sensibilité, y verra outre des allusions aux séries télévisées "Quantum leap" et "The twilight zone" à "Inception", "Johnny got his gun", "Groundhog day", "Slaughterhouse-Five", "Speed", "Nick of time" (*) ou encore à l’architecture mystérieuse des premiers films de Night Shyamalan.

Même un soupçon d’André Delvaux (**) ou de certaines oeuvres du vidéaste Bill Viola (***) planent sur ce film étrange qui secoue les méninges comme la résolution d’un Rubik’s cube.

Il y a quelque chose d’entêtant dans la démarche du réalisateur qui scotche et pousse à vouloir, comme le personnage principal, un très convaincant Jake Gillenhal, comprendre la réalité de l’enjeu mis en scène.

Il y a du ludique dans « Source… » - la mécanique répétitive des jeux video à niveaux variables n’est pas loin – mais il y a surtout de l’intriguant nous amenant à réfléchir sur les parts respectives de manipulation et de libre-arbitre avec lesquelles nous menons nos vies.

Et même si la fin (un peu entourloupée) proposée par le réalisateur penche vers un romantisme trop conventionnel, il y a fort à parier que l’intention du film est moins évidente. Et qu’elle vise à souligner sinon dénoncer l’hyperlaxité mentale qui fait de nous des individus manipulables et malléables.

 

Plus proches du rat de laboratoire que de l’être humain capable de disposer librement de lui-même.

Et çà c’est plombant. (mca)

(*) respectivement de Christopher Nolan, Dalton Trumbo, Harold Ramis, George Roy Hill, Jan De Bont et John Badham
(**) "Un soir, un train"

(***) On pense notamment à "The reflecting pool"