A éviter
0étoile(s) 0étoile(s) 0étoile(s) 0étoile(s) 0étoile(s)

SHOOT’EM UP

Michael Davis (USA 2007 - distributeur : Belga Films)

Clive Owen, Monica Belluci, Paul Giamatti

90 min.
3 octobre 2007
SHOOT'EM UP

Voilà un titre (et un film) à la hauteur de l’époque schizo-barbare qui est la nôtre : « Flinguez les ».

D’un côté on nous gave de marches pour la paix, de discours droit-de-l’hommistes, d’appels à la non violence et de l’autre le 7ème art propose, avec une armada d’étoiles et un label « Enfants admis », une chasse à l’homme auprès de laquelle celle du Comte Zarof (*) ressemble à une turlupinade de premiers communiants.

Appartenant au genre vidéogamique ou videoludique (pour ceux, hélàs nombreux, qui assimilent le meurtre au jeu) « Shoot’em up » sacrifie avec une écœurante délectation aux lois et codes d’une typologie qui contraint un personnage, auquel le spectateur ou le joueur est amené à s’identifier, à débarrasser le monde des méchants.

Le fan y trouvera sans doute matière à satisfaction, le non fan matière à sidération et à consternation.

Un tueur taciturne recueille un nourrisson orphelin (avec autant de dévouement que Brigitte Bardot les bébés phoques). Il confie l’enfant, pendant qu’il canarde tous azimuts une bande de tueurs lancés à leur poursuite, à une prostituée aux prédispositions nourricières étonnantes.

L’histoire connaît, après avoir été une exaltation de la pulsion de mort, une fin digne du plus sucré des contes de fées. Certains voient dans ce down & up un réjouissant deuxième degré, d’autres (dont nous sommes) y lisent un pernicieux discours sur une validation des intentions punitives personnelles.

Si « Shoot’em up » se contentait d’être une modeste série B, on en rirait. Mais sa prétention
hypocritement distanciée met soit mal à l’aise soit en colère. Et ce ne sont pas les quelques références (le plus souvent débiles et dépourvues d’inventivité ) au plus speedé de Sergio Leone, John Woo, Roberto Rodriguez et Tarentino qui sauveront l’ensemble du nauséeux.

Electrique et faussement cool, « Shoot’em up » est l’apologie d’un monde anomique, infantile et irresponsable d’où sont bannis la réflexion, la morale au profit de l’instinct et de l’émotion primaires. 

Quant à son prétendu humour, il est basé sur une misogynie qui n’est pas aussi innocente qu’on veut le faire croire. Une réplique comme « Tu sais pourquoi un flingue, c’est mieux qu’une femme ? On peut lui mettre un silencieux » n’est pas seulement idiote, elle est indigne des efforts sociétaux pour établir entre les sexes un respect et une égalité encore trop souvent inexistantes.

Film de beauf, il plaira sans doute aux beaufs et à tous ceux qui confondent virilité et faisandé.

Il est dommage que Clive Owen ait cautionné, par son talent, cette avalanche de clichés qu’une épaisseur de feuille de cigarette sépare d’une prise de position à la Bush.

De l’accoucheur de vie qu’il était dans « Le fils de l’homme » d’Alfonso Cuaro, il en est devenu le dégommeur. Ce n’est pas un progrès. (m.c.a)

(*) "The most dangerous game" de I. Pichel et E. Shoedsack