SEULES LES BÊTES

Dès les premières images, le spectateur sent qu’il va être emmené, malgré lui, dans une histoire étrange et pleine de mystères.
Le film commence par la découverte d’une voiture vide au bord d’une route dans les Causses, en hiver, par temps de neige ; une femme a disparu. On apprendra qu’elle s’appelle Evelyne Ducat (Valeria Bruni Tedeschi).
A partir de là, se mettent en place les cinq personnages centraux du film, tous liés à cette femme sans qu’ils le sachent. Quant au spectateur, il l’apprendra au cours du film.

Le film est construit comme le roman de Colin Niel dont il est l’adaptation en chapitres, qui, chacun, correspond au point de vue d’un personnage différent : Michel (Denis Ménochet) un éleveur qui semble uniquement préoccupé ( mais on verra plus tard qu’il n’en est rien) par la comptabilité de son entreprise laitière, Alice (Laure Calamy), femme de Michel, assistante sociale, amoureuse de Joseph (Damien Bonnard) un fermier solitaire , Marion (Nadia Tereszkiewicz) jeune femme que l’on suit dans son coup de foudre pour Evelyne et à cinq mille kilomètres de là , à Abidjan , Armand (Damien Bonnard), un jeune homme qui , comme tant d’autres, rêvent de faire fortune en devenant « brouteurs », c’est à dire cyber-arnaqueurs ,

C’est un thriller magnifiquement construit qui nous emmène dans les paysages blancs des Causses cévenols, le silence et la solitude des plateaux enneigés vers les rues colorées grouillantes de monde d’Abidjan, deux mondes que tout semble opposer : « Que l’on soit sur le Causse ou à Abidjan, au-delà des inégalités économiques, chacun recherche un idéal. Mais malgré le réseau internet qui désormais relie potentiellement tous les individus de la planète, le paradoxe du « si loin – si proche » ne cesse ne se creuser. Nous sommes peut-être de plus en plus proches… et de plus de plus en plus loin. » tient à souligner Dominik Moll
« Seules les bêtes » ? Mystère aussi du titre pour ce film qui, avec des acteurs magnifiques, nous a passionnés, captivés.

(Frances Oubeyran)