Drame conjugal
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Coup de coeurSEPARATE LIES

Julian Fellowes (Grande Bretagne 2005 - distribution : 20th Century Fox)

Emily Watson, Tom Wilkinson, Rupert Everett

86 min.
2 août 2006
SEPARATE LIES

Vous avez peut-être lu ce tonique livre consacré aux réalisations des plus de 50 ans et qui tord le coup à cette mode du jeunisme qui voudrait reléguer d’un coup d’horloge une partie de l’humanité hors du champ possible de la création.

Julian Fellowes (57 ans), le réalisateur de « Separate Lies » mériterait de figurer dans les annales de « 50 ans et après ?! » d’Eric Dudan parce que ce film, son premier long métrage, est une belle réussite à la fois par sa construction narrative, sa réflexion sociale, son sens de la photographie élégante et last but not least par le jeu des acteurs tous impeccablement bons.

L’histoire en est simple et odieusement « british ». Un couple : lui, plus âgé, avocat d’affaires, est aussi engoncé dans les convenances que dans les costumes étriqués - labellisés « Savile Row » que tout membre de l’Upper Class se doit de porter.
Elle, plus jeune, maîtresse de maison accomplie, moins asservie aux modes de vie de son milieu
a un amant, aristocrate désabusé et arrogant.

Un grain de sable, sous la forme à la fois réelle et symbolique d’un accident de la route, va se glisser dans ce duo conjugal - dont l’un ignore en fait qu’il est un trio - et en démonter les rouages moins bien huilés qu’il n’y paraît.

A partir de là, commence de mensonges en mensonges un lent délitement du couple et une mise à plat de la cruauté inconsciente des rapports qui le régissaient.

« Separate Lies » aborde non seulement des questions d’ordre privé essentielles : qu’est-ce qu’un couple ? Qu’est-ce que l’amour ?
Mais il pointe, avec un à-propos qui rapproche son cinéma de celui du Losey de « the Servant » la complexité du système social anglais qui rend difficilement marcescibles ses 3 piliers : la gentry, la bourgeoisie et le monde ouvrier alors qu’en fait derrière ces catégories se cachent des êtres humains proches par la même souffrance ou le même désir d’être heureux.

Déjà dans « Gosford Park » dont il est le scénariste, Fellowes avait souligné, à la façon de Jean Renoir dans « La Règle du Jeu » l’hypocrisie des rapports sociaux et la contamination par celle-ci
des rapports individuels.

« Separate Lies » est, et ce n’est pas son moindre mérite, un film mature sur l’amour conjugal,
cet étrange amour qui permet à deux êtres de se retrouver plus authentiquement au fil d’épreuves leur ayant permis de mieux se comprendre et de mieux comprendre l’autre. (m.c.a)