Trash halluciné
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SAMURAÏ RAUNI

Mika Rättö

Mika Rättö, Veera Elo, Minna Norrgård, Reetta Turtiainen, Harri Sippola…

80 min.
30 septembre 2018
SAMURAÏ RAUNI

Au bord d’un lac éclairé par la lune, se déroule une scène quelque peu étrange où film de genre et burlesque se côtoient. « Samuraï Rauni » propose de revisiter les codes du film de samouraïs en le transposant dans les sous-bois anarchistes du milieu alternatif finlandais.

D’une esthétique sauvage et soignée à la fois, ce premier film signé Mika Rättö et le groupe Moderni Kanuuna qui regroupe des artistes de tous bords, nous plonge dans un monde absurde et halluciné où il est parfois bien difficile de comprendre ce qui se passe.

Le personnage principal, joué par Mika Rättö lui-même, un samouraï viking allumé, cherche à se venger ce qui l’amène à livrer quelques combats, des scènes très belles aux ralentis extrêmes et où la musique joue pleinement son rôle en ajoutant du mystère à l’ensemble. Effets spéciaux mis de côté et invitation à un jeu audacieux avec les bases du cinéma, notamment le cadrage et montage, audacieux en ceci que langage moderne et techniques ancestrales se combinent joliment.

Sur son parcours, le samouraï sème la terreur et la fascination. Ce fou furieux, aux yeux d’amandes et au sourire carnassier, ivre d’alcool et de geishas version Björk, nous emmène de scène en scène dans des décors baroques et clownesques à la manière des fêtes décadentes de Versailles du temps des perruques extravagantes saupoudrées de fond-teint.

L’esthétique japonaise en mode trash halluciné, les décors foisonnants de détails rappelant un film de Jodorowsky et Greenaway à la fois, bref une surcharge visuelle rococo, donnent à la forme une telle prédominance que l’on ressent une sorte de profond vacuum du fond. Cela paraît subversif, mais force est de constater, le long du film et de sa narration bien existante, que celle-ci est somme toute très classique dans son propos.

Visuellement et auditivement, c’est joli, recherché et plein d’inventivité, et j’ajouterai comme point fort que le film n’est pas prétentieux, on ressent un foisonnement jouissif de créativité, alors, malgré que ce film m’ait passablement irrité, je comprends qu’il y a là une certaine liberté anarco-circassienne que j’ai quand même envie de défendre. Je ne parle donc qu’en mon nom et j’invite tous ceux pour qui le mot « liberté » a de l’importance à voir « Samuraï Rauni » de ses propres yeux.

(Luz)