ROBOT AND FRANK

C’est l’histoire d’un homme vieillissant dans une solitude à laquelle un robot va redonner des couleurs. A une époque où la technologie a fait quelques progrès, permettant aux robots non seulement de suppléer aux tâches les plus ingrates mais également d’accompagner l’être humain dans sa vie de tous les jours, cet ancien cambrioleur se voit affubler d’un nouveau colocataire qui ponctuera ses journées par tout ce que son programme (entretenir la bonne santé de son hôte) requiert. Un temps grincheuse, l’humeur de notre homme retrouvera bientôt une vitalité toute neuve malgré l’évanouissement progressif de sa mémoire.

Première production de la jeune société Park Pictures récompensée au festival de Sundance par le prix Alfred P. Sloan, attribué aux oeuvres traitant de science et de technologie, ce film s’incline très légèrement vers la science-fiction ; la technologie restant très familière de celle que notre ère a déjà mis au point, délaissant les paysages futuristes (pour cause de budget moyen) pour se concentrer sur l’humain. Dans son premier long métrage, Jake Schreier se plaît à explorer les non-dits, tout en faisant souffler une pincée de mélancolie rétro teintée de maturité.

Frank Langella sait insuffler la multidimensionalité nécessaire à un homme à la fois maladroit, démuni et irrésistiblement inadéquat. Traversé par de toutes simples expressions, son visage nous fait explorer mille émotions. Liv Tyler et James Mardsen chaussent les sabots des grands enfants de ce personnage haut en couleurs, mais aussi père râté qui a failli à ses devoirs d’éducateur.

Abordant le thème de la maladie d’Alzheimer à demi-mot, Robot and Frank est une petite sucrerie originale et rafraîchissante qui laisse couler un vent de douce folie contrôlée en ce début d’automne.

(Ariane Jauniaux)