Chronique sentimentale
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QUAND J’ETAIS CHANTEUR

Xavier Giannoli (France 2006 - distributeur : Victory Films)

Cécile de France, Gérard Depardieu, Mathieu Amalric, Christine Citti

110 min.
20 septembre 2006
QUAND J'ETAIS CHANTEUR

Film cri de chœur ou de cœur qui rappelle que Gérard Depardieu peut jouer et chanter juste et fragile.

Il y a plus de 20 ans déjà son épouse de l’époque, la discrète Elisabeth Depardieu - qui semble maintenant surtout appréciée pour les séminaires qu’elle anime, durant l’été, sur le cinéma - lui avait écrit un album magnifique fait de chansons tendres et désarmantes.
A l’image du personnage de ringard à la dérive, Alain Moreau, qu’il interprète dans « Quand j’étais chanteur ».

Ce qui nourrit le film c’est moins son histoire banale que la réalité des petites choses qu’il traque et décrit avec une finesse d’observation inattendue. La vie provinciale, les maisons de retraite, les esseulés sont regardés avec une proximité affective loin de toute nostalgie ou de condescendance.

Peu importe que la rencontre entre un chanteur de bal populaire qui s’est mis à attraper le blues qu’il roucoule sur scène et une jeune agent immobilier sur la défensive soit improbable, peu importe que le film soit parfois ennuyeux parce que trop long, ce qui touche c’est l’humanité qui sourd des gestes de Moreau lorsqu’il embrasse la main de ses vieilles admiratrices, de ses regards lorsque des couples se forment, pendant qu’il chante, sur le parquet des pistes de danse.

Depardieu acteur s’est beaucoup égaré dans ses derniers films, parfois il s’est magnifiquement ressaisi « Un pont entre deux villes » de Frédéric Auburtin et de lui-même, « Les temps qui changent » d’André Téchiné. Ici il récupère une liberté et une générosité de ton auxquelles on n’était plus habituées.
Sa sincérité lasse est un contrepoint à l’interprétation protocolaire de Cécile de France qui cherche un peu ses repères dans un rôle de jeune femme fragile dans lequel elle doit brider sa fantaisie pétillante.

« Quand j’étais chanteur » n’est pas un film populaire parce qu’il se chante sur des chansons populaires (Iglesias, Delpech, Vartan…), il est un regard sur la fatigue d’un homme qui sait qu’il existe un fossé entre les paroles des chansons et la vraie vie beaucoup plus complexe et ambigüe que les textes inventés pour « faire danser les célibataires et donner du bonheur ».

Dans une courte mais impressionnante apparition Christophe rappelle l’intemporalité des tubes sentimentaux, ce mystère qui faisait dire à Marguerite Duras que « Capri c’est fini » d’Hervé Villard était la plus belle chanson du monde. (m.c.a)

site officel du film : www.quandjetaischanteur.com