Polar
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POUPOUPIDOU

Gérald Hustache-Mathieu (France 2010)

Sophie Quinton, Arsinée Khanjian, Jean-Paul Rouve, Olivier Rabourdin

102 min.
9 février 2011
POUPOUPIDOU

4 syllabes dont 3 demandent, pour être prononcées, aux lèvres de se rapprocher. Pour finir par se rejoindre et former avec une apparente et malicieuse insouciance une invitation au baiser.

Pas étonnant dès lors qu’elles soient devenues, chuchotées par Marilyn Monroe dans « Some like it hot » iconiques.

Dans le film de Gérald Hustache-Mathieu comme dans celui de Billy Wilder, la sensualité côtoie l’humour, le sulfureux flirte avec le farfelu, l’artifice n’exclut pas la mélancolie et l’ironie la bienveillance.

Candice Lecoeur - interprétée par une actrice trop rare sur les grands écrans, Sophie Quinton, dont on est devenu fan du teint diaphane et du corps embelli par un timide déhanchement depuis son apparition dans "Qui a tué bambi" de Gilles Marchand - se prend pour une incarnation de celle qui depuis sa disparition en 1962 n’a jamais cessé d’alimenter la machine à fantasmer des plus coquins comme des plus malins.

Un écrivain en panne d’inspiration décide d’enquêter sur la mort, trop rapidement qualifiée de « suicide probable aux somnifères » de la jeune femme.

Intrigué, happé et enfin séduit par ce qu’il découvre d’une personnalité éparpillée entre angoisses, envies d’évasion, secrets et sensibilité à fleur de peau, il imagine tenir là l’intrigue de son nouveau roman.

Ce qui ne suffit pas à enfermer « Poupoupidou » dans les serres d’un genre bien défini : le polar.

Il est bien plus que cela.

 

A la fois regard souvent burlesque sur une société provinciale étriquée et hypocrite.

Tentative d’enrichir de clins d’oeil cinématographiques, photographiques et télévisuels (*) une histoire plutôt convenue et d’éviter son enlisement dans la pire des ornières pour une investigation policière : la banalité.

Et sublimation du statut de la muse. Qui, fleur bleue, garce ou victime,a pour fonction de nourrir l’imaginaire d’un créateur en quête de renaissance et de reconnaissance.

Œuvre policière, romantique et crépusculaire - on a rarement vu un Jean-Paul Rouve aussi sombre - « Poupoupidou », aurait gagné, pour supporter la comparaison avec la causticité de Mocky ou l’intérêt pour la bourgeoisie des petites villes de Chabrol à ne pas s’égarer dans une inutile baroquisation de la mise en scène, à resserrer quelques baisses de rythme et à refuser une surenchère de personnages secondaires déjantés.

Reste en fin de vision le souvenir d’un film qui, malgré ses tics citationnels et son écriture parfois laborieuse, parvient à titiller la curiosité du spectateur.

En lui rappelant une évidence sur laquelle Simenon a architecturé ses plus beaux récits : beaucoup de morts ne sont paisibles qu’en apparence. (mca)

(*) « Twin Peaks » de David Lynch, la partie de jokari du « The misfits » de John Huston, la diffusion par la chaîne américaine CBC en mai 1962 de la célébration du 44ème anniversaire du Président John Kennedy, les photos décorativement dénudées de Marilyn prises par Tom Kelley et faisant partie de la Red Velvet Collection1949.