Berlinale 2020
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POLICE

Anne Fontaine

Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois, Payman Maadi

78 min.
2 septembre 2020
POLICE

Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, acceptent une mission inhabituelle : reconduire un demandeur d’asile à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier, un réfugier tadjik, risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.

Librement adapté du roman éponyme d’Hugo Boris, le 17ème long-métrage de l’éclectique réalisatrice française nous plonge durant vingt-quatre heures dans le quotidien de trois policiers lambda ainsi que dans les méandres de leurs vies privées et de leurs pensées intimes. Tous vivent la même journée professionnelle, avec ses contraintes, ses gestes rituels, et sont quasiment identiquement confrontés à la même violence. Pourtant, chacun appréhende à sa manière les difficultés auxquelles ils doivent faire face.

Multipliant les angles de vues de ses protagonistes à travers une caméra subjective, le film répète les mêmes scènes donnant ainsi à voir au spectateur une même situation perçue selon différents points de vue. Mis en perspective avec l’intimité de chacun, le procédé n’est guère dénué d’intérêt car, d’une part, il renforce la proximité du spectateur avec les sentiments qui animent les protagonistes, et démontre, d’autre part, que la réalité factuelle est toujours colorée d’une tonalité émotionnelle propre à chacun. Amorçant le cas de conscience auquel ces trois flics seront confrontés, ce processus narratif démultiplié tend ainsi à dissoudre toute réponse toute faite quant aux injonctions morales que leur mission leur impose. Est-il de leur devoir d’obéir aux ordres qui leur ont été donnés sans réfléchir ? L’uniforme, et toute la symbolique qu’il véhicule, autorise-t-il la moindre transgression ? Peut-on continuer à vivre sereinement en ayant sur la conscience la mort probable d’un homme ?

Certes, « Police » se laisse regarde, et aucun reproche ne peut être fait à la qualité de la mise en scène ni au jeu de se acteurs. Néanmoins, le deus ex machina final laisse quelque peu circonspect, de même que l’intrusion illustrative d’une sonate de Bach qui rompt abruptement avec le réalisme dont le film est empreint.

Bref, les spectateurs qui ont apprécié « Les Innocentes » seront sans aucun doute déçus par ce film dont l’intérêt demeure globalement mineur.

Christie Huysmans