Festival

PINK SCREENS FILM FESTIVAL

22 octobre 2009

 Du 22 au 31 octobre Le Nova accueillait la huitième édition du Pink Screens Film Festival. Pour celles et ceux qui sont passés à côté des éditions précédentes, le Pink Screens, c’est le festival des sexualités, des genres, des queers, des paillettes, des revendications féministes,... qui se terminera par une grande soirée au Congrès précédée par la projection gratuite du film The Power and the Passion, Technology or Orgasm .

 Cette chronique n’aura rien d’objectif car les questions que je me suis posée au sortir des séances ne concernent pas le montage, le jeu d’acteur ou le travail du directeur photo mais touchent plutôt la place du cinéma gay et du féminisme en général.

 Je ne suis pas fan des films dits « gays ». J’ai un ami qui a l’intégrale de la série Queer as Folk , malgré de nombreux essai pour me faire partager sa passion, je reste hermétique au genre. Je ne vois pas l’intérêt de faire une série qui tourne uniquement autour de l’identité gay.

 La séance « Baptêmes du Feu », une suite du court-métrages sur l’homosexualité masculine, n’était pas pour me réconcilier avec le genre. Peut-être y suis-je restée hermétique car je ne suis pas un homme et je ne suis pas gay. Le public, presque exclusivement masculin, avait l’air de se retrouver dedans, riant de bon cœur aux premiers émois d’un jeune Suédois ou aux problèmes de coupe de cheveux d’un petit Californien. Je n’y ai pas vu autre chose que des court-métrages adolescents plus proche de Wild Child (Nick Moore, 2008) que d’un Larry Clark.

 C’est quand même triste qu’il n’y ait pas moyen de filmer le sujet sans immédiatement le stéréotyper, le pire court de la soirée étant Frequent Traveler , ou l’histoire d’un homme qui aime se faire fouiller par d’autres hommes lorsqu’il passe les contrôles de l’aéroport.

 J’ai laissé tomber les films homos pour me concentrer sur les films de femmes, plus universels. Peut-être que mon jugement est biaisé parce que je suis une femme mais là où les films de gay vont traiter de l’identité des gays, leurs contreparties féminine vont traiter de la femme et de sa place dans la société. Cette place étant intimement liée à celle de l’homme, ceux-ci aussi sont concernés. Le public des deux films que j’ai été voir, Who’s Afraid of Kathy Acker et Born in Flames , était d’ailleurs plus mixe que celui de la soirée « Baptêmes du Feu ».

 Born in Flames est un film féministe culte qui est rarement projeté dans lequel un groupe de femme décide de se battre pour ses droits et de rassembler une armée pour sensibiliser l’opinion public aux injustices faites aux femmes. Who’s Afraid of Kathy Acker est un documentaire sur une artiste de performance et écrivain, féministe et pro-sexe qui décéda bien trop tôt d’un cancer du sein, refusant de le soigner de manière conventionnelle.

 Ces deux films était très inspirants et je n’ai qu’une envie maintenant, c’est d’explorer l’œuvre de Kathy Acker. Mais il y a quelque chose qui me dérange dans ces deux films et de manière plus générale dans le féminisme c’est la place réservée à l’homme. L’homme c’est le grand méchant loup, l’oppresseur, le violeur, la violence (d’ailleurs pourquoi est-ce que c’est un mot féminin ?), ... et, la seule façon de prendre son indépendance c’est de lui ressembler, de prendre les armes, de combattre la violence par la violence, de dire « JE l’ai baisé »,... Est-ce qu’être dominante lors de rapport sexuel va vraiment renverser une domination sociétale millénaire ? Est-ce que si je me coupe les cheveux je suis plus féministe car moins féminine ? Est-ce que les hauts-talons avilissent ou donnent du pouvoir ? Est-ce qu’aimer les hommes empêche d’aimer son sexe ?

(Hélène Briffeuil)

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