Policier
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PARS VITE ET REVIENS TARD

Régis Wargnier (France 2006 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

José Garcia, Olivier Gourmet, Michel Serrault, Lucas Belvaux, Marie Gillain

118 min.
24 janvier 2007
PARS VITE ET REVIENS TARD

Elle était attendue la première adaptation cinématographique d’un polar de Fred Vargas.

Cette archéologue, spécialiste du Moyen Age, est en effet devenue en quelques années l’une des valeurs incontournables du roman policier français parce qu’elle a su donner vie et épaisseur à une création, celle de l’inspecteur Adamsberg et à une ambiance empreinte des mystères du passé accommodés à la modernité.

Régis Wargnier (« Je suis le seigneur du château ») a eu l’intelligence de ne pas faire un copié-collé de l’intrigue mais de saisir, de celles-ci, les ingrédients suffisants pour en tirer un thriller, qui à défaut d’être palpitant ou réellement inquiétant, a quelque chose d’atypique, coincé entre le mystique d’une menace et le quotidien d’une vie de quartier dans un Paris bien actuel.

Alors qu’il vient d’être quitté par sa femme, Adamsberg est confronté à une série de meurtres en série dans une capitale française qui se couvre d’étranges 4 inversés peints sur les portes des appartements.

Chacun a sa propre représentation d’Adamsberg. Comme chacun a la sienne de Maigret, d’Hercule Poirot ou de Kurt Wallander.

Ceux qui voient en Adamsberg un inspecteur méditatif, minéral, taciturne seront désarçonnés
par l’interprétation de José Garcia qui choisit de privilégier le côté lugubre, tendu et cassant du personnage.

Depuis ses prestations hilarantes en duo sur Canal + avec Antoine de Caunes à ses rôles plus tourmentés chez Costa Gavras (« Le couperet ») ou Richard Berry (« La boîte noire »), on sait que
Garcia est capable de se métamorphoser pour incarner, avec crédibilité, un rôle.

Pourtant ici il peine à habiter son personnage. Peut-être parce qu’abordant avec trop de savoir-faire et de composition son personnage, il ne réussit qu’à lui donner une image et non une âme.

Il est vrai qu’il est diantrement difficile d’incarner un héros, dont chacun, s’il a lu les livres de Vargas, a sa propre lecture. Lui donner une couleur universelle est une mission impossible. Au spectateur, en fonction de son approche personnelle, de se sentir accroché ou pas l’interprétation qui lui est proposée.

Le reste du casting est inégal. A côté d’une Marie Gillain inhabituellement lisse et absente,
un Olivier Gourmet toujours épatant en anachronique crieur de rues, un pointilleux Lucas Belvaux et un énigmatique Michel Serrault.

Dommage qu’une bande son outrancière renforce une désagréable impression de grandiloquence (façon « Les rivières pourpres » de Grangé) donnant souvent l’envie de « Partir tôt et de ne pas revenir ». (m.c.a)