Chronique sentimentale
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PARIS JE T’AIME

Film collectif (France 2006 - distributeur : Cinéart)

Gena Rowlands, Natalie Portman, Steve Buscemi

120 min.
23 août 2006
PARIS JE T'AIME

Julien Gracq en avait rêvé. Ecrire sur Paris un livre qui serait comme une grande promenade sans but où l’on ne trouve rien de ce que l’on cherche, mais bien des choses qu’on ne cherche pas. (*).

Ce rêve, au cinéma, avait déjà été matérialisé dans les années soixante dans « Paris vu par…Godard, Rohmer, Douchet, Chabrol… ». En 2005 un collectif de cinéastes brésilien, français, américains, japonais, mexicain décident de remettre le couvert en posant leur caméra dans un quartier de la capitale pour y raconter une rencontre amoureuse. Un peu à l’image des courtes saynètes de couples qui se quittent et se retrouvent dans le film (qui se passe à Bruxelles) de Chantal Akerman « Toute une Nuit ».

Chacun a évidemment sa propre mémoire cinématographique de Paris dans laquelle s’entassent, en désordre, les regards mutins d’Ernst Lubitsch (« Ninotchka »), fantastiques de Feuillade (« Fantômas »), résolument modernes de Klapisch ou hyper stylisé de Carax et de Besson.
Regards dont la multiplicité a été bellement recensée par la toute récente exposition consacrée ce printemps à « Paris au Cinéma ou la vie rêvée de la Capitale de Méliès à Amélie Poulain »

Dans ce contexte d’hommages pléthoriques, est-ce que « Paris je t’aime » apporte quelque chose de neuf à part d’être une mise en place d’un puzzle de 18 séquences de même temporalité à défaut d’être d’égal intérêt ?

L’inégalité dans la maîtrise des récits et dans le jeu des acteurs (dont certains ont l’air de ne pas être à ce qu’ils font) donne à l’ensemble un petit côté montagne russe (des hauts et des bas) qui laisse au bout du voyage une impression floue dont le défaut (irrémissible ?) est de ne pas rendre suffisamment hommage à la lumière de Paris. Cette lumière, réelle ou métaphorique à laquelle la ville doit son surnom de ville- lumière.

Est-ce la diversité éclatée des points de vue qui crée cette impression d’une errance métropolitaine sans âme comme ce sketch des frères Coen « Les Tuileries » dans lequel sont complaisamment déclinés tous les dangers qui menacent les touristes, donnant à penser que Paris est plus à craindre qu’à aimer.

Il y a néanmoins quelques épisodes qui réconcilient avec le côté déclaration d’amour du titre.
Notamment celui de David Payne (le réalisateur de l’épicurien « Sideways ») qui suit les déambulations solitaires et néanmoins heureuses de Margo Martindale dans le XIVe et dont la charmante méprise, au cimetière de Montparnasse, devant la tombe de Jean-Paul Sartre rend à Paris sa qualité première : celle d’être une ville surprenante.

Si le film vous a moyennement emballé, n’hésitez néanmoins pas à parcourir le livre-guide
qu’Hachette a consacré aux endroits explorés. C’est une petite réussite dont le côté décontracté contraste avec la pédanterie des promenades mystico-grotesques du « Da Vinci Code ». (m.c.a)

Site officiel du film : www.parisjetaime-lefilm.com

 

 

 

 

(*) « Paris » éd.Champ Vallon (1983)