ONLY LOVERS LEFT ALIVE

Lui s’appelle Adam, il est musicien underground et vit en solitaire à Detroit entouré de ses instruments. Elle s’appelle Eve, elle vit à Tanger entourée de livres et a pour ami un certain Christopher Marlowe. Bien que parfois séparés géographiquement, Adam et Eve s’aiment depuis plusieurs siècles, car ces deux êtres romantiques et lettrés ne sont autres que des vampires…

Avec « Only Lovers Left Alive » , Jim Jarmusch, chantre du cinéma indépendant américain, nous livre une fable envoutante aux images d’une beauté saisissante et à la bande-son (*) planante. Il y aborde plusieurs de ses thèmes de prédilection tels l’errance, le goût pour les marginaux et la culture underground, l’amour de la musique rock ou encore la nostalgie du passé.

Tout comme en 1995 il avait revisité de manière originale le genre du western avec « Dead Man » , Jarmusch s’approprie cette fois-ci le genre fantastique et plus en particulier le film de vampires (genre qui foisonne sur grand et petit écran ces dernières années, devenu quelque peu risible à cause de daubes pour ados telle « Twilight » ).

Les rôles des deux amoureux sont incarnés brillamment par les britanniques Tilda Swinton (dont c’est la troisième collaboration avec le réalisateur) et Tom Hiddleston qui apparaissent ici magnifiés par la caméra de Jarmusch.

A travers le regard critique que pose le profondément déprimé Adam sur la société actuelle qui semble se porter plus mal que jamais, Jarmusch livre une réflexion mélancolique, désabusée (mais pleine d’humour) sur la déchéance du monde moderne.
Hypnotique et somptueux, « Only Lovers Left Alive » se savoure comme une expérience sensorielle éblouissante.

Nadia Vodenitcharov

(*) « Only Lovers Left Alive » a remporté le Cannes Soundtrack Award pour sa musique signée par le compositeur/luthiste néerlandais Jozef van Wissem et le groupe Sqürl (dont Jim Jarmusch fait partie).