ONCE

« Once » comme dans « Once upon a time », le début obligé des contes de fées.

Et c’est bien d’un conte qu’il s’agit ici. Celui d’une rencontre entre un musicien des rues et une marchande de roses.

Pas de château mais les rues d’un Dublin pluvieux. Pas de sorcières malveillantes, juste pour elle et lui, des blessures amenées par la vie. Pas d’acte de bravoure pour se libérer d’un sort, mais une intensité de regards et le même intérêt pour la musique qui transcendent la timidité des personnages. Pas de sexe mais une relation platonique.

Peu de paroles mais beaucoup de chansons - plus exactement de ballades irlandaises - permettant aux voix, vibrantes ambassadrices des cœurs, de s’entremêler et de laisser passer une émotion.

« Once » a le charme d’un Irish coffee dont les trois ingrédients de base, whisky, café et crème,
seraient allégés. Dégraissés de toute acrimonie face au destin, de désolation face à la solitude, de perplexité devant une vie dont on se demande à quoi elle sert.

Quand une guitare rencontre un piano ça donne envie, comme chez Michel Berger, de « chanter debout » et « d’être heureux malgré tout ».

« Once » est, suivant qu’on se laisse emporter par sa déconcertante simplicité, un filtre ou un philtre.

Filtre si l’on déplore la longueur d’un propos qui repose sur une intrigue quasi inexistante et une mise en scène plutôt embryonnaire, proche parfois du clip vidéo.

Philtre si, réceptif à sa magie musicale, le spectateur projette sur ce « When Glen met Markéta » les notes d’une délicate douceur amoureuse.

Comme il l’avait fait pour son film précédent « On the edge » (*), John Carney accorde une place de choix à la bande son. Qui tout compte fait est la (bonne) fée évoquée en début de recension.

Composée de musique originale d’inspiration folk-pop des deux acteurs principaux, elle est disponible sur CD.

« Falling slowly » a remporté l’Oscar 2008 de la meilleure chanson écrite pour un film.

Quant à la réalisation, elle a reçu le Grand Prix du dernier Festival d’Amour de Mons. (m.c.a) 

(*) Le film qui a permis de découvrir en Belgique l’excellent Cillian Murphy, l’interprète par la suite de « Breakfast on Pluto » de Neil Jordan et de « The wind that shakes the barley » de Ken Loach