Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurOMAR

Hany Abu-Assad

Adam Bakri, Waleed Zuaiter, Leem Lubany, Eyad Hourani, Samer Bisharat,...

97 min.
23 octobre 2013
OMAR

Omar (Adam Bakri) franchit
quotidiennement le mur qui le sépare de ses amis Tarek (Eyad Hourani) et Amjad
(Samer Bisharat). À eux trois ils ont décidé de monter leur propre cellule de
résistance. Mais plus que les projets de rébellion, c’est surtout Nadja (Leem
Lubany), la sœur de Tarek, qui attire Omar et le pousse à prendre chaque jour
le risque de se faire abattre en escaladant le mur. Finalement capturé par
l’armée israélienne, Omar est emprisonné et torturé, puis relâché contre la
promesse de livrer son ami Tarek.

Récompensé à Cannes par le
prix du jury dans la section Un Certain Regard,
Omar
est le nouveau film du réalisateur
Hany Abu-Assad qui s’était déjà fait connaître en Europe en 2005 avec Paradise No w (*).Avec ce film, Hany Abu-Assad
rassemble de jeunes acteurs remplis de talent, qui tournent ici leur premier film. On retiendra surtout l’excellent
jeu d’Adam Bakri, formé à l’institut Strasberg à New York, qui par sa
crédibilité dépasse tout réalisme classique.

Sur trame du conflit israélo-palestinien,
plutôt que d’offrir une vision manichéenne d’une situation de guerre, Omar exploite surtout la question de la
confiance. Hany Abu-Assad aime à démontrer de quelle manière la confiance se
trouve au cœur de tout rapport humain. Néanmoins, ce qui fait la complexité de
la confiance est sa double nature, à la fois forte et fragile, elle est
essentielle aux relations humaines et peut cependant se montrer si volatile. Sans
cesse, la confiance est remise en question, que ce soit du côté de Tarek, Amjad
et même Nadja, que du côté d’Omar qui comprend que ses amis commencent à se
méfier de lui. Au travers de ce film, Hany Abu-Assad parvient également à nous
faire comprendre que les vrais obstacles ne sont généralement pas externes mais
bien internes. Franchir le mur, Omar y parvient, et ce même à plusieurs reprises,
malgré les dangers que cela implique. Dépasser ses obstacles internes, qui
l’empêchent d’être avec Nadja, il n’y parviendra jamais…

Ce thriller aux notes
politiques, qui nous transporte dans la course d’Omar au travers des ruelles
palestiniennes, n’est pas sans rappeler notre propre course, course contre le
temps, le temps qui passe, dans le labyrinthe de nos vies.

( Astrid De Munter )

 

(*) Paradise
Now
, histoire de deux jeunes amis d’enfance, djihadistes palestiniens,
désignés pour commettre un attentat suicidaire à Tel Aviv, avait remporté en
2006 le Golden Globe du meilleur film étranger et avait également été nominé
aux Oscars dans la même catégorie.