Adaptation d’un livre
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OLIVER TWIST

Roman Polanski (France/GB/Italie/Tchéquie 2005 - distributeur : Alternative Films)

Barney Clark, Ben Kingsley

125 min.
19 octobre 2005
OLIVER TWIST

Dickens est un scénariste magnifique .

Les réalisateurs, David Lean en tête, le savent depuis longtemps.

L’histoire d’Oliver, même si elle originairement ancrée dans la société victorienne anglaise, n’a rien perdu de son actualité : comment, quand on est orphelin et pauvre, se sortir d’un monde qui vous écrase et vous exploite ?

Polanski n’a pas fait mystère de la résonance existant entre son histoire (enfant juif à Cracovie durant la seconde guerre mondiale) et celle d’Oliver.

Quant à moi je me suis demandée quel lien entre ce film, formellement impeccable mais n’évitant pas -d’ailleurs était-ce possible avec une telle accumulation de malheurs ?- une sentimentalité froide et parfois sans âme et les autres Polanski ?

Et si c’était celui de la survivance ? De survivre aux mauvaises rencontres (« Un couteau dans l’eau »), à la folie (« Répulsion »), au destin (« Macbeth »), au diable (« Rosemary’s baby »), à l’holocauste (« Le pianiste ») ?

Oliver est-il le premier enfant résilient de la littérature occidentale qui aurait pu séduire Boris Cyrulnik dans la mise au point de sa théorie du comment résister à l’adversité ?
Malmené par le destin (exploité dans un orphelinat, humilié dans une entreprise de pompes funèbres, initié au vol par le mentor d’une bande de jeunes voyous incarné par un Ben Kingsley ambigu et re-looké façon sorcière de BD), Oliver est sauvé par le fait que ce même destin va placer sur sa route un vieux juge humaniste.

Donnant ainsi prétexte à une démonstration selon laquelle la nature de l’homme n’est pas inéluctablement vouée à dégénérer au travers de sinistres épreuves, mais qu’il est possible de trouver en soi des gisements de courage et de détermination pour s’en sortir.

Je ne sais pas si ce message à la beauté idéalisée peut être d’un secours quelconque pour aider les enfants qui souffrent – les nôtres, ceux des favelas, de l’Afrique exsangue, de l’Indonésie pervertie et de la guerroyante Tchétchénie – ou s’il est l’expression de la limite de ce que peuvent proposer les favorisés du modèle occidental : un modèle d’espoir hélas aussi virtuel qu’un jeu vidéo. (m.c.a)