Drame historique
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O JERUSALEM

Elie Chouraqui (France 2006 - distributeur : les Films de l'Elysée)

JJ Field, Saïd Taghmaoui, Patrick Bruel

128 min.
18 octobre 2006
O JERUSALEM

La Shoah ou la Nakba. Deux mots qui se traduisent en français par celui de « Catastrophe ».
La Shoah pour les Juifs c’est l’extermination de six millions des leurs dans les camps de concentration nazis, la Nakba pour les Arabes de Palestine, c’est la proclamation, le 14 mai 1948, par David Ben Gourion, de l’Etat d’Israël.

En 1971 Dominique Lapierre et Larry Collins, deux journalistes, se sont attelés, après quatre ans d’enquêtes approfondies, à raconter ces mois d’intenses activités politiques et diplomatiques durant lesquelles l’incompréhension entre deux communautés va grandir, se fortifier et peu à peu se transformer en haine.

Elie Chouraqui décide d’adapter ce beau et gros livre à la fois roman par son histoire poignante et documentaire par son précision heuristique.

L’intention est louable et s’accompagne de qualités indéniables : courageuse volonté de comprendre, souci de remonter aux sources d’un conflit qui aujourd’hui encore risque d’embraser tout le Moyen Orient, neutralité du regard qui évite tout prise de position ou jugement, absence d’amplification emphatique ou doloriste.

Et pourtant ces qualités ne suffissent pas à imposer le film.
Sans doute parce que le parti pris de Chouraqui privilégie une simplification qui ne rend pas suffisamment hommage à la richesse du roman de Lapierre et Collins et que sa mise en scène est paradoxale. Tantôt elle manque étonnamment de souffle (dans les scènes de combat surtout) tantôt elle pèche par une grandiloquence « roberthosseinnienne » un tantinet obsolète. Quant aux dialogues, leur absence de pertinence peine à rendre la complexité des relations des deux personnages principaux .

Bobby, le Juif et Said le Palestinien se sont connus à New York à la fin de la seconde guerre mondiale. En 1947 lorsque Les Nations Unies s’apprêtent à voter le don de la Palestine aux Juifs sans demander l’avis des populations locales, ils décident de partir pour Jérusalem. Happés par leur culture, leur histoire et leur religion ils vont vite devenir adversaires.

Dès son origine cette amitié est déraisonnable. Et c’est parce qu’elle l’est que le spectateur va se demander jusqu’où elle pourra tenir. Quelle en sera le point de rupture ontologique, celui qui fera basculer le temps de la fraternité vers le temps de la fratricidité ?

Film dont les maîtres mots filigranés à sa trame narrative, sont ceux d’espoir de paix (*),  "Jérusalem" fait penser au magistral documentaire d’Amos Gitai « Des nouvelles de la maison » qui, mêlant dans une même demeure les destins de familles juives et palestiniennes, se fait l’écho d’une possible existence harmonieuse entre deux peuples que l’histoire a labellisé « ennemis ». (m.c.a)

(*) « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre ) écrivait déjà au IVe siècle le stratège Végèce.

Site officiel du film : www.ojerusalem-lefilm.com