Comédie
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NOUVELLE CHANCE

Anne Fontaine (France 2006 - distributeur : Les films de l'Elysée)

Danielle Darrieux, Arielle Dombasle, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc

90 min.
10 janvier 2007
NOUVELLE CHANCE

 « Nouvelle chance » ressemble à ce conte chinois d’un fermier qui se lamente parce que son fils, suite à une chute, s’est cassé la jambe avant de se réjouir parce cette fracture lui permettra de ne pas le voir enrôlé dans une armée levée pour la guerre.
Chance, malchance, fabulise le récit, qui peut le dire sans connaître la fin de l’histoire ?

Il en est, mutadis mutandis, ainsi de ce film charmant qui, pourtant, perd au fil de son déroulement une partie de sa saveur et de sa verve.

Dans un premier temps, le spectateur trouve, dans le désir d’un doux huluberlu de mettre en scène « Les salons » d’après la correspondance de la Marquise Du Deffand avec Julie de Lespinasse, trois raisons de se réjouir.

D’abord le film scelle, après « Augustin » et « Augustin, roi du Kung-Fu » les retrouvailles cinématographiques de Sibertin-Blanc - acteur lunaire et délicieusemement décalé - avec sa sœur Anne Fontaine - que l’on a connue plus musclée dans d’autres réalisations ( « Nettoyage à sec », « Comment j’ai tué mon père »)

Ensuite la chance est offerte à Danielle Darrieux (*), à l’aube de ses nonante ans, de compléter son retour sur les planches (« Oscar et la dame rose » d’Eric-Emmanuel Schmitt) par un rôle cristallin au cinéma grâce auquel elle renoue, comme au début de sa carrière, avec le chant. Comme elle le faisait chez Ozon (« Huit femmes »), elle termine le film avec une chanson déchirante - « Il n’y a pas d’amour heureux » d’Aragon / Brassens chez le cinéaste et « La folle complainte » de Charles Trenet chez la réalisatrice.

Enfin voir Arielle Dombasle camper, avec cette artificialité naturelle rôdée depuis ses interludes rohmériens, une héroïne de feuilleton télévisé à la recherche d’une carrière littéraire est à la fois désopilant et vaguement mélancolique.

Et pourtant si « Nouvelle chance » offre quelques belles occasions de tirer à boulets feutrés sur le milieu artistique, il diffuse assez vite un parfum d’ennui et de fragilité scénaristique.

Ce sera donc à chacun de décider si cette « Nouvelle chance » est, pour lui, une bad ou une good luck. (m.c.a)

(*) à laquelle le magazine "Marianne", dans son numéro du 1er novembre 2006, décernait à l’instar des Japonais pour leurs artistes les plus précieux, la qualité de Trésor Vivant.

en note

Les admirateurs d’Arielle Dombasle liront avec intérêt la biographie hagiographique, publiée chez Flammarion, du réalisateur Patrick Mimouni et l’entendront avec plaisir dans son dernier CD, lequel reprend quelques grands standards internationaux (« Amor amor », « C’est magnifique »…)