C’est du Belge
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

NOUS QUATRE

Stéphane Hénocque

Pierre Olivier, Justine Louis, François Huberty, Florian Pâque, Renaud Rutten, Didier Boclinville, Marco Adamantiadis, Antoine Vandenberghe, Laurent D’Elia, Yannick Flotte

104 min.
28 septembre 2016
NOUS QUATRE

« Accrochons-nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde. Ce ne sont pas que les hommes politiques et les scientifiques qui peuvent changer le monde, mais aussi les artistes. Ils le font depuis toujours. Il n’y a pas de limite à notre ambition à part celles que nous nous donnons et celles que les autres nous donnent. En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. » [1]

Une chose est sûre, c’est que le discours prononcé par Xavier Dolan à Cannes en 2014 fait écho à « Nous Quatre » et à son réalisateur, Stéphane Hénocque.

Le film raconte l’histoire de David, un jeune homme de 20 ans, atteint d’une maladie qui nécessite une greffe de moelle osseuse. Ne pouvant rien faire pour lui, son père adoptif décide de lui fournir le nom et les coordonnées de son père biologique pour qu’il le retrouve en espérant que celui-ci accepte d’effectuer la greffe. Sans leur avouer la véritable raison de cette quête, David décide d’embarquer avec lui ses trois meilleurs amis, Chloé, Vince et Léo, dont l’amitié s’est dégradée au fil du temps. Leur escapade va alors prendre une tournure inattendue, celle d’un voyage à travers la Belgique semé d’embuches et de rencontres insolites. Mais la maladie continue de planer comme une ombre menaçante sur David.

L’histoire de « Nous Quatre » est quasiment indissociable de sa genèse. Tourné en 2013 en deux semaines avec très peu de moyens, le film revient de loin. Présenté pour la toute première fois en avant-première le 8 septembre 2015 au Kinepolis de Rocourt, il avait déjà fait un triomphe devant deux salles combles. Il aura ensuite fallu une année de travail, de discussions, de déceptions mais avec toujours de l’espoir, pour que le film revive une deuxième fois. Pouvant compter sur un allié de choix, Cinevox, l’aventure « Nous Quatre » est repartie de plus belle et a fait l’objet de standings ovations lors de ses avant-premières. Le film est maintenant projeté dans plusieurs salles en Belgique.

Passionné de cinéma, Stéphane Hénocque n’en est pas à son premier coup d’essai. Il a réalisé plusieurs courts-métrages dont « Run Boy Run » en 2012 dans lequel il collaborait déjà avec les acteurs Pierre Olivier (David) et François Huberty (Vincent). Il a également réalisé un moyen métrage, « Voleur et demi » avec Renaud Rutten qui joue dans « Nous Quatre » le rôle du père adoptif, soucieux et aimant. Un rôle plus dramatique où il excelle et qui change du registre comique dans lequel on a l’habitude de le voir. Et c’est certainement l’une des nombreuses richesses de « Nous Quatre », celle d’avoir placé des comédiens plus ou moins connus dans des rôles secondaires et d’offrir les premiers rôles à de jeunes talents prometteurs.

Pierre Olivier incarne ainsi un David tout en retenue. Et s’il semble avoir moins de dialogues que ses compères, l’acteur affiche un véritable charisme à l’écran. Ensuite, il y a Justine Louis, alias Chloé, qui est peut-être la seule fille de la bande mais c’est elle la véritable meneuse du groupe. Vince, le râleur auquel on s’attache rapidement, est interprété par François Huberty. Et pour finir, Florian Pâque incarne Léo, le mec naïf, voire simplet de la bande qui nous fait rire dès sa première apparition à l’écran. Nous voilà donc avec quatre personnages totalement différents, mais qui se complètent et au travers desquels le spectateur peut s’identifier.

Si certains ont reproché à Stéphane Hénocque d’avoir trop voulu faire comme … il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agit de son premier long-métrage et que bien sûr son travail se nourrit de plusieurs influences cinématographiques qu’il revendique clairement. Que ce soit Bouli Lanners avec « Eldorado », « Les Géants », ou encore « Hasta la vista » de Geoffrey Enthoven, « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet, etc. il n’en reste pas moins qu’au final, il réussit à s’approprier et à se nourrir de tous ces films pour en faire un objet cinématographique singulier.

Doté d’une bonne dynamique et d’un scénario bien ficelé, « Nous Quatre » mélange les genres. On passe du registre dramatique au road movie, annoncé dès le générique, pour ensuite dévier vers la comédie. La musique est peut-être quelque peu envahissante dans un premier temps, mais d’un autre côté son utilisation permet d’alléger le côté dramatique qui survient dès les premières minutes du film. Peu à peu, cette bande son composée par Simon Fransquet va s’avérer être le cinquième acteur du film en accompagnant les quatre sur la route. Esthétiquement, il y a quelques petits défauts, mais Stéphane Hénocque manie le langage cinématographique et sait filmer.

Véritable petit miracle belge, le film est certes classique dans sa structure mais il est aussi doté de répliques qui pourraient bien devenir cultes. On souhaite à « Nous Quatre » de traverser les frontières et de dévoiler une image du cinéma belge, autre que celle qu’on est habitué à voir à Cannes.

(Nathalie De Man)