Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurMY SWEET PEPPERLAND

Hiner Saleem

Korkmaz Arslan, Golshifeth Farahani, Suat Usta

100 min.
30 juillet 2014
MY SWEET PEPPERLAND

Le Kurdistan irakien
est libéré du joug de Saddam Hussein. Le temps est venu de reconstruire le
territoire en le dotant de lois et de justice. Baran (Korkmaz Arslan), ancien
combattant contre Saddam, décide de rendre les armes en dépit de l’insistance
de son supérieur, qui souhaiterait faire de lui un garant de l’ordre. Il
retourne donc chez sa mère mais très vite, il la fuira car celle-ci ne cherche
qu’à lui passer la corde au cou en lui présentant toutes les prétendantes de la
région. De retour auprès de son chef pour rempiler, il est envoyé au fin fond
du Kurdistan dans un village totalement reculé où un vieux caïd macho, ancien collabo,
fait régner sa loi avec sa fidèle bande d’acolytes. Passé maître dans l’art du
trafic de drogue, d’alcool et de médicaments, comme du trafic d’influences, ce
petit seigneur ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée d’un commandant zélé aux
allures de shérif. Parallèlement, Govend (magnifique Golshifeth Farahani),
jeune femme insoumise et en quête d’indépendance à l’égard du clan familial,
tient à partir dans ce même petit village pour y exercer son métier
d’institutrice. Et le tableau ne serait point complet si, aux vilains méchants
pas beaux, ne venait pas s’opposer une bande armée de rebelles aussi
déterminées que revanchardes pour lesquelles seul le maquis est synonyme de
liberté.

 

La première scène du
film vaut le détour et contient en quelques minutes le ton du film :
tragi-loufoque, absurde et réaliste. Un homme doit être pendu pour que justice
soit rendue mais où est la potence ? Où accrocher la corde ? On ne
peut s’empêcher de pouffer de rire alors que la situation est pourtant tragique
pour ce condamné à mort.

 

Hiner Saleem se
réapproprie les codes du western spaghetti à la façon d’un Tarantino
orientalisé en les mélangeant à d’autres registres. Le burlesque côtoie la
tendresse et la violence. Le sujet est ancré dans une réalité politique conflictuelle,
encore très éloignée de la modernité et gangrenée par des traditions que le
réalisateur traite avec humour et dérision. Côté musical, Saleem crée un
patchwork détonnant : la musique traditionnelle berce l’aube et le
crépuscule de la communauté villageoise, Govend joue du hang (un instrument
inventé en Suisse) et écoute de la musique française tandis que Baran est fan
d’Elvis Presley.

 

My sweet pepperland a des allures de film
fourre-tout par son mélange de genres et ses différentes tonalités musicales
mais c’est aussi ce qui lui confère son originalité. La réalisation très
soignée, grâce à une grande maîtrise de la caméra et de la photographie, assure
une belle cohérence.

 

My sweet pepperland, un film aussi sweet
que bitter, savoureusement épicé ! À déguster impérativement cet été tant
il est rafraîchissant et désaltérant de liberté !

 

( Christie Huysmans )