Drame historique
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MUNICH

Steven Spielberg (USA 2005 - distributeur : UIP)

Eric Bana, Daniel Craig, Hanns Zischler, Ciaran Hinds

160 min.
25 janvier 2006
MUNICH

Lors des jeux Olympiques de septembre 1972, la prise en otages de 11 athlètes israéliens, par un commando palestinien, se termine par un massacre ne laissant aucun survivant.

Plutôt que de s’intéresser à l’amont de ce drame, Spielberg va se centrer sur l’opération « Colère de Dieu » initiée par Golda Meir et menée par le Mossad (les services secrets israéliens) pour trouver et éliminer les membres de l’organisation responsable de l’attentat.

Le film n’est pas une reconstitution de la réalité (d’ailleurs est-elle possible ?) ni une épopée cinématographique lestée d’effets spéciaux et de rodomontades vindicatives.

Il s’agit plutôt, pour reprendre un terme cher à G. Ballard (écrivain dont Spielberg s’est inspiré dans un de ses films n’ayant rencontré qu’un modeste succès « A.I ») d’une fiction spéculative c’est-à-dire d’un regard quasi-méditatif posé sur un drame et sa logique imposant aux justiciers du Mossad de devenir eux-mêmes des assassins.

Camus l’avait déjà souligné, lors des attentats perpétrés durant la guerre d’Algérie, le terrorisme est une spirale sans fin, sa répression n’étant possible que par la violence.

Si, sur le plan sociétal, le terrorisme est un fléau, il l’est tout autant sur le plan individuel.
En effet, ce que montre le film, et avec une sobriété efficace, c’est que tous, bourreaux et victimes, y perdent une partie de leur âme.

Les acteurs sont bons voire excellents, la mise en scène fluide (le film est long et pourtant il paraît court), les dialogues intelligents.

Le film souligne, à plusieurs reprises, l’identité de la quête des Juifs et des Palestiniens : trouver « une place où vivre en paix », cette identité, qui si elle ne s’accompagne pas de nécessaires compromis, ne peut qu’aboutir à des dérives inextricablement belliqueuses.

Raison pour laquelle sans doute le film se termine par un plan virtuel des « Twins towers » de
New York détruites en septembre 2001, temporalité signifiante qui renvoie au nom du groupe terroriste issu du Fatah, Septembre Noir, responsable du drame munichois. (m.c.a)