MUD

Il est là devant nos yeux, beau, large, imposant, majestueux, le Mississippi dans toute sa splendeur !

Deux gamins d’un bled de l’Arkansas ont décidé pour tromper l’ennui d’explorer ses rives et vont tomber sur Mud, un homme étrange, non pas un clochard mais un fugitif, sympathique, charismatique qui va se lier d’amitié avec eux et leur demander de l’aide. Ellis et Neck sont archi-débrouillards et grâce à Mud, leur vie va changer, va devenir un peu plus excitante, piquante. Ils vont découvrir son secret.Il attend sa copine Juniper (Reese Witherspoon) pour prendre le large. Mais il y a du monde à ses trousses. Une sale histoire le poursuit. Juniper a fait une erreur et il l’a vengé, tous ses ennuis viennent de là. Il a tué un homme et sa tête est mise à prix.

On devine que pour ces deux là, c’est mal parti et depuis longtemps.

Il y a aussi Tom (Sam Shepard) un vieux loup solitaire qui n’hésitera pas lui aussi à lui venir en aide.
Tout le film s’écoule au fil de l’eau de ce Mississippi, puissant qui sert de fil rouge à toute cette histoire d’amour sous toutes ces formes.

L’amour que l’on découvre adolescent en regardant les filles, celui déchiré, éteint de ses parents qui ne s’entendent plus et qu’on espère pourtant encore pouvoir sauver. « Il ne faut pas se fier à l’amour, il peut faire la malle ».

Et puis l’amour plus fort que tout, celui de Mud qui reste accroché à ses rêves malgré ses douleurs et ses déceptions.

Mud, c’est Matthieu McConaughey, solaire, attachant qui révèle une facette beaucoup plus complexe de sa personnalité, qui fait oublier les comédies romantiques où il s’est parfois perdu ! Révélé dans « Lone star ou killer Joe », il s’offre une remise en question salutaire. Loin des frasques, il cultive à merveille la « cool attitude ».Certainement son plus beau rôle à ce jour.

Jeff Nichols, 34 ans, le réalisateur notamment de « Take shelter » l’a écrit pour lui, lui offre un rôle sur mesure, une folle histoire d’amour sur fond de ce fleuve Mississippi.

La force du film vient aussi de cette amitié teintée de méfiance entre lui et ces deux ados qui apportent une dimension terriblement humaine forte, chaleureuse. On ne peut oublier ces deux jeunes surtout Ellis (Tye Sheridan -qui jouait le fils de Jessica Chastain et Brad Pitt dans « The tree of Life » de Terrence Malick, Palme d’or à Cannes en 2011). Il est terriblement attachant en découvrant l’amour, l’amitié, l’âme humaine dans sa noirceur aussi, avec sa violence, ses mensonges. L’amour, il veut y croire, c’est cet horizon qui s’offre à lui.

Tout se passe comme dans la chanson de Robert Earl Keen Jr « the road goes on forever » l’histoire d’un homme qui se fait avoir par une fille puis la retrouve mais elle va le larguer à nouveau …

( Anne Goreux )