Pour un samedi soir
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MR. MORGAN’S LAST LOVE

Sandra Nettelbeck

Michael Caine, Clémence Poésy, Justin Kirk

116 min.
2 octobre 2013
MR. MORGAN'S LAST LOVE

Il est veuf, esseulé, taciturne et suicidaire. Elle est jeune, orpheline, sensible et souriante. Lui, s’appelle Matthew Morgan (Michael
Caine), il est américain, professeur de philosophie à la retraite et n’aime
plus la vie ni les livres depuis que son épouse est décédée ; elle, se
prénomme Pauline (Clémence Poésy)*, elle est française, professeur de danse et désinvolte. Ils se croisent par hasard dans le bus. De cette rencontre naîtra une inqualifiable
amitié au milieu de laquelle viendra s’immiscer un vieux conflit père - fils.

Tiré du roman « La douceur assassine » de Françoise
Dorner, Mr. Morgan’s Last Love avait sur papier toutes les chances
d’être un film prometteur. Il aurait
très certainement pu être à la hauteur de Whatever Works de Woody Allen
si le scénario était resté plus fidèle au livre. Malheureusement Sandra Nettelbeck** n’a pas
rendu justice au texte de Dorner, qui bien que ne pouvant être qualifié de chef
d’œuvre, est magnifiquement taillé pour le cinéma : le film s’embourbe
dans des longueurs inutiles là où le roman offre en cent vingt pages un rythme
soutenu ; les personnages ont été vidés de leur substance ; l’humour,
la légèreté et les traits d’esprit ont été pratiquement gommés au seul profit
d’un pathos plombant. Ce film aurait pu susciter
au-delà de la simple émotion une réflexion sur le croisement riche et inspirant
de deux solitudes jusque là séparées par un fossé intergénérationnel, social,
familial et culturel, mais il a pour seul résultat une romance douce amère sans
grande portée.

Ces manquements sont-ils à imputer au melting-pot culturel qui a été
associé à la création de ce film ? 
Une réalisatrice d’origine allemande formée aux États-Unis, une
co-production allemande et belge, aidée par un français et un américain pour
boucler le budget, un décor déjà maintes fois visité, un Michael Caine que l’on
veut faire passer pour un américain à Paris (avec tous les clichés qui lui sont
habituellement associés) mais qui ne se défait pourtant pas de son accent et de
ses manières britanniques… est-ce ce mélange maladroitement dosé qui concourt à
une adaptation décevante ?

Seul bémol : les fans inconditionnels de Sir Michael Caine
éprouveront probablement une certaine tendresse pour l’émouvant Mr. Morgan. Ils ne demeureront pas non plus insensibles aux
sentiments ni aux quelques réflexions pertinentes qu’il exprime avec conviction
et brio. Malheureusement là encore le rôle
de Matthew Morgan est bâté d’une affliction telle que cela en alourdit regrettablement
la prestation de l’acteur.

En conclusion, Mr. Morgan’s Last Love est un film à regarder un
dimanche soir mélancolique lorsque l’on pourrait se laisser aller à verser
quelques larmes.

( Christie Huysmans )

 


(*) Sandra Nettelbeck s’est fait connaître sur la scène internationale
en 2001 avec Mostly Martha, film dont il a été fait un remake aux
États-Unis en 2007 (No Reservations). 
En 2009, elle réalisa Helen.

(**) Clémence Poésy s’est notamment illustrée dans Jeanne Captive,
127 Hours, Lullaby For Pi et In Bruges. 
Elle a incarné le rôle de Fleur Delacour dans trois épisodes de Harry
Potter.