MOTHERLESS BROOKLYN

Disons le tout de suite : « Brooklyn Affairs » est un grand thriller politique, un vrai film noir à l’ancienne, haletant, du début à la fin.

Edward Norton, plus connu comme acteur (doublement nommé à l’Oscar pour American History X, 1998 et Fight Club, 1999), songeait depuis 20 ans à adapter « Les Orphelins de Brooklyn » de Jonathan Lethem. C’est chose faite.
L’histoire ? New York dans les années 50 : Lionel Essrog (Edward Norton), détective privé, assiste au meurtre de son patron et seul ami, Frank Minna. Très affecté, Lionel décide d’enquêter sur ce meurtre malgré le handicap dont il souffre – le syndrome de Gilles de la Tourette – qui se traduit par des petits cris, des gestes désordonnés de la tête, des injures les plus ordurières tombant au milieu d’une conversation normale, les pires obscénités dans un moment délicat... Cela aurait pu être peu crédible et lassant mais le comédien n’en fait pas trop et dose très habilement ses effets. S’en suit une série de courses poursuites, de scènes de bar et de jazz, de règlements de compte qui mèneront au dénouement final.

Grâce à quelques indices, à sa mémoire exceptionnelle et à son esprit obsessionnel, Lionel découvre de troublantes affaires, de nature politique. Car en fait, transposer l’histoire dans les années 1950 (le livre se passe dans les années 2000) permet à Norton d’aborder des sujets très actuels : le pouvoir de l’argent, la prolifération de la corruption jusque dans les bureaux du maire de la ville, l’urbanisation tentaculaire aux mains d’un magnat de l’immobilier , Robert Moses ( superbement joué par Alec Baldwin).
Un conseil : quand vous irez voir le film, soyez, dès le début vraiment attentif à l’intrigue de Brooklyn Affairs qui demande une attention soutenue, pendant 2h24, sous risque de perdre le fil conducteur.

(Frances Oubeyran)