Bio-fiction
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MONGOL

Sergei Bodrov (Fédération de Russie 2007 - distributeur : BFD)

Tadanonu Asano, Khulan Chuluun

124 min.
7 mai 2008
MONGOL

Tous les chefs, les rois, les meneurs de bandes ont eu une enfance. Et une jeunesse.

La littérature s’y est souvent intéressée. Plus rarement le cinéma - « Young Mr. Lincoln » de John Ford « La prise de pouvoir par Louis XIV » de Roberto Rossellini, « Himalaya, naissance d’un chef » d’Eric Valli, "Kundun" de Martin Scorsese, « Max » de Menno Meyjes qui évoque les annés de peintre raté d’Adolf Hitler.

Même la télévision a veillé à combler combler une lacune dans nos fantasmes en s’intéressant à l’adolescence d’Indiana Jones dans des « Chronicles » diffusées en 1992-1993 sur les chaînes américaines, avec un Sean Patrick Flanery dans un rôle plus consistant que celui de River Phoenix en young Indy dans « Indiana Jones and the last crusade » de Spielberg.

Avec « Mongol » on est dans un registre moins défini, hésitant entre l’heroïc fantasy et la promenade bucolique, entre des panoramiques paysagers propres à enflammer les abonnés aux « Explorations du Monde » et des pompes à hémoglobine.

Le tout scandé sur un tempo dont la spatialité binaire et répétitive use les yeux - j’accélère / je ralentis – je ralentis / j’accélère.

Surnagent de cette mise en scène walkyrienne et sanglante, quelques idées labourées sans finesse : pour devenir un leader charismatique - charisme que possède incontestablement le magnifique comédien qu’est Tadanobu Asano (*) - il faut avoir dans sa besace

* un besoin de se venger

* une ambition qui résiste à toutes les vicissitudes

* une épouse fidèle et attentionnée. 

Bref, qu’il s’agisse d’unifier la Mongolie ou de se débarrasser de rivaux maffieux (« The Godfather » de Coppola), les raisons, les supports et les excès sont les mêmes.

Cette approche de la vie de Temüdjin en futur Gengis Khan tolérant, légaliste et généreux ( !) jusqu’au moment de son départ en 1206 pour la conquête d’une partie du Monde laissera de marbre ceux qui apprécient les biopics quand ils ressortissent plus à la réalité qu’à la légende persona grata.

Les autres, ceux qui ont besoin de fantasmagories pour s’intéresser à l’Histoire, seront ravis. L’épopée est au rendez-vous dans ses plus beaux et majestueux atours. Et la réhabilitation lourde et hâtive en route.

Bodrov a compris que le spectateur aime le … spectaculaire. Il a décidé de lui en fournir. Et il y réussit, ayant convoqué dans sa façon d’envahir l’espace cinématographique la flamboyance de Kurosawa et l’alternance des plans larges et rapprochés de Sergio Leone.

Et tant pis pour les raccourcis historiques, les accommodements avec la réalité, et les considérations lapidaires sur le pouvoir - comment on le prend et comment on s’en sert.

Que vive l’ellipse et que le regardant soit gavé de « Panen & circenses ».

Actualisé en « Pop corns & 35 mm » (m.c.a)

(*) « The taste of tea » de Katsuhito Ishii, « Café lumière » de Hsiao-hsien Hou, « Zatôichi » de
Takeshi Kitano