Occasion de réfléchir
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MONEYBALL - LE STRATEGE

Bennett Miller (USA 2011)

Robin Wright, Brad Pitt, Jonah Hill, Phlilip Seymour Hoffman

133 min.
7 décembre 2011
MONEYBALL - LE STRATEGE

« Moneyball » est un bel exemple de films qui ne se contentent pas d’être bien faits mais veillent aussi à poser sur leur sujet un regard humain, scrutateur et sans complaisance qui rappelle celui de Sydney Pollak dans "They shoot horses don’t they ?".

En effet si Bennett Miller a incontestablement le souci de respecter son cahier des charges, de croire en ses acteurs et de raconter une histoire, les armes de la lisibilité bien en mains malgré le défi proposé au spectateur européen d’entrer dans les arcanes d’un sport surtout populaire aux USA, il a principalement le mérite de vouloir interroger un modèle.

Celui qui fait de l’argent le moteur des activités humaines au détriment de valeurs telles que l’esprit d’équipe, la juste évaluation des talents, l’espoir de s’améliorer et de faire bouger des comportements stéréotypés.

« Moneyball » est inspiré de la vie de Billy Beade (un Brad Pitt qui habite son personnage avec une poignante conviction), l’entraîneur des Oaklands Athletics, une équipe de loosers dont il veut faire un team (*) de winners. en développant le sens de la solidarité et de la confiance en soi par une méthode mise au point par un jeune économiste aussi génial que complexé.

Si le sujet du film semble surtout ancré dans une culture américaine fascinée par deux mythes, le base ball et la nécessité de ne pas perdre, il développe aussi d’autres thèmes qui « tacklent » l’attention : l’atmosphère particulière des coulisses, la lutte contre les transferts arrangés, les relations malsaines entre le sport et l’argent, la solitude de ceux qui veulent que les choses changent.

Participant à la fois de l’enchantement/désenchantement de la fable comme dans le film de Barry Levinson « The natural » avec Robert Redford (**), de la séduction inhérente au héros mélancolique, « Money ball" » est un récit implanté dans la réalité d’une époque qui a besoin de ceux qui osent s’opposer aux systèmes et les remettre en cause.

Ceux qui derrière une apparence sans peur cache une âme sensible et qui dans la lutte entre les anciens et les modernes choisissent sans hésiter leur camp.

Celui de la nouveauté, de l’idéal en la capacité des laissés-pour-compte de damner le pion au Monde du « fric et des magouilles ».

Il y a dans « Moneyball » quelque chose qui nous fait aimer cet homme décidé à emmener à la victoire ceux qu’il a pour mission d’entraîner.

Décidé à secouer le cocotier des enjeux financiers pour faire triompher quelque chose de plus pur.

Et s’il n’y arrive pas, il lui restera la noblesse d’avoir essayé.

Il nous restera l’émotion de l’avoir accompagné dans ses défis. D’avoir rêvé, grâce à lui, à un Monde plus juste.

"Moneyball" est adapté du roman "The art of winning an unfair game" de Michael Lewis (mca)

(*) avec la même conviction charismatique que Clint Eastwood dans son généreux « Bronco Billy »

(**) un des nombreux acteurs US à avoir interprété le rôle d’un base-balleur : Geena Davis & Madonna, Tom Hanks, Gary Cooper, Robert de Niro, Tom Selleck, Kevin Costner ...