MOI QUI T’AIMAIS

« Moi, qui t’aimais « 

Diane Kurys qui nous présente un biopic sur la vie amoureuse tourmentée de Simone Signoret et Yves Montand a tenu à ce qu’il n’y ait pas de ressemblances physiques avec Simone Signoret et Yves Montand, voulant faire de cette relation, une relation universelle que l’on peut trouver dans les couples passionnés.

Moi qui t’aimais plus que tout, à me nier moi même, toi qui m’aimais et qui collectionnais les conquêtes.. Film qui explore l’amour tumultueux entre Simone Signoret (Marina Foïs) et Yves Montand (Roschdy Zem). C’est un film dont le titre fait référence aux « Feuilles mortes » écrit par Jacques Prévert et chanté par Yves Montand.

Simone Signoret aime passionnément Yves Montand jusqu’à se détruire dans l’alcool par l’insécurité affective que lui fait vivre ce dernier. Ses infidélités font loi dans le couple et l’alcool vient pallier à cette souffrance. D’autant plus que Simone Signoret reste hantée par la relation amoureuse qu’il a eue avec Marylin Monroe et meurtrie par toutes celles qui ont suivi. Yves Montand est, dans le film, un homme fade et fuyant alors que son petit fils, Benjamin Castaldi, (fils de Catherine Allégret, elle même fille de Simone Signoret) va le décrire comme un homme complexe, engagé, fier, colérique, et passionné, toujours. Simone, elle, est dépeinte comme une femme éteinte, mélancolique, recluse dans son salon de son appartement à Auteuil. Mais où est passé sa puissance ? Sa voix rauque et lucide ? Son humour ravageur ? Son intelligence politique ? Effectivement, ce film ne montre rien de ce qui faisait d’elle une actrice hors pair, une intellectuelle libre, une femme de combat. Il n’en reste qu’une femme douce, docile, usée par l’homme et trahie non seulement par ce dernier mais par la vie elle même.
Jusqu’à sa mort,( 1985) elle lui restera fidèle. . Yves Montand lui succédera 6 ans plus tard,(1991) après avoir épousé Carol Amiel, son assistante lors d’une tournée en 1982. Ensemble, ils seront parents de Valentin, unique fils d’Yves.

Ce film retrace bien cette passion ainsi que leur engagement commun dans la politique et leur militantisme dans le parti communiste. Leur désillusionnement s’accentue après le Printemps de Pragues en 1968. Ils s’éloignent du Parti Communiste tout en restant actifs, tous deux, contre les dictatures et en soutien aux droits de l’Homme.

Couple mythique à l’écran comme dans la vraie vie, avec ce grand amour, violent parfois qui n’est pas représenté par le film. Un couple non dominé par la domination de l’un sur l’autre, mais lié par une étreinte profonde et imparfaite.

C’est un film à voir pour nous remémorer ces deux êtres exceptionnels, à l’ombre du mouvement Me Too que je respecte profondément. Les deux acteurs trouvent très bien leur partition et leur participation m’a émue.

Long métrage de Diane Kurys présenté lors du dernier festival de Cannes, hors compétition.(2025).

Martine Lagarrigue