MOI ET TOI (IO E TE)

Après une absence marquée par la maladie, Bernardo Bertolucci revient avec un film intimiste qui nous parle de la fragilité des jeunes dans l’Italie d’aujourd’hui. Lorenzo, un adolescent introverti, décide de s’isoler dans la cave de son immeuble, le temps d’un voyage scolaire auquel il prétend participer. L’irruption de sa grande sœur Olivia, aussi fascinante que ravagée, va faire éclater la bulle dans laquelle il s’est réfugié.

Cela faisait 30 ans qu’il n’avait réalisé de film en italien et grâce à Io e te, tiré du best-seller homonyme de Niccolo Ammaniti publié en 2010, le cinéaste renoue les liens avec son pays. Ayant désormais pris place dans un fauteuil roulant, Bertolucci a lutté pour accepter cette nouvelle réalité qui lui permet d’aborder aujourd’hui la façon de faire des films d’une position différente, tel Lorenzo qui va envisager le monde avec un nouveau regard.

Toujours aussi intrigué et émerveillé par les jeunes dont il réussit à capter la vitalité et la curiosité, Bertolucci nous parle des désirs, des désillusions, des luttes et des rêves de deux jeunes êtres en crise qui se retrouvent dans un parcours initiatique imprégné de souffrance et de joie de vivre.

À la manière d’un conte philosophique, la cave émane du mythe de la caverne de Platon. Ce lieu isolé, hors espace-temps, se transforme en terrain d’exploration, loupe à la main, à la découverte de l’autre. Dans cet appartement underground arrêté dans le temps, les deux jeunes trouvent le refuge nécessaire pour se retirer du monde et faire une pause pour se donner les moyens de le réintégrer.

Le rapprochement de Lorenzo et Olivia est d’autant plus touchant que leurs visages sont captivants. Interprétés par des acteurs encore inconnus des écrans, Jacopo Olmo Antinori et Tea Falco, les deux jeunes épousent magnifiquement la version italienne de Space Oddity : Ragazzo solo, ragazza sola*.
Vive la renaissance de Bertolucci !

(Luz)

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* Ragazzo solo, ragazza sola (jeune homme seul, jeune femme seule), est une version italienne du premier single de David Bowie Space Oddity, sortie en 1969. Les paroles sont de Mogol.