Adaptation d’un livre
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

MÉMOIRES DE JEUNESSE (TESTAMENT OF YOUTH)

James Kent

Alicia Vikander, Kit Harington, Emily Watson

129 min.
16 septembre 2015
MÉMOIRES DE JEUNESSE (TESTAMENT OF YOUTH)

Le film s’ouvre avec un gros plan sur le visage de Vera dont la mine défaite contraste avec la joie qui émane de la foule fêtant l’armistice de 1918. Elle se réfugie alors dans une église et se retrouve devant le tableau de Francis Danby, « Le Déluge », dont la contemplation va susciter chez la jeune femme des souvenirs déclenchant le flash-back qui nous amènera au début du récit, avant que la guerre ne fasse ses ravages. À cette époque, Vera rêve de devenir écrivain et d’aller étudier à Oxford. Si ses parents s’y opposent de peur qu’elle ne se transforme en femme savante et ne trouve pas de mari, elle est encouragée par son frère, Edward, et les amis de celui-ci, Victor et Roland. Avec l’aide de son frère, elle parvient à convaincre son père et passe l’examen d’entrée à Oxford qu’elle réussit. Entre-temps, elle entame une relation amoureuse avec Roland. Tout semble parfait jusqu’à ce que la guerre éclate et vienne bouleverser leur existence. Les garçons s’enrôlent dans l’armée avec excitation et Vera se retrouve seule à Oxford. Elle décide finalement de laisser ses études de côté pour s’engager en tant qu’infirmière et c’est avec un sentiment d’impuissance qu’elle assiste peu à peu à l’effondrement de leur monde.

Premier long-métrage du réalisateur James Kent, tourné en 41 jours et principalement en décors naturels, « Testament of Youth » est l’adaptation du premier volume autobiographique éponyme de Vera Brittain (1893-1970) paru en 1933. Cette écrivaine pacifiste et féministe est interprétée à l’écran par Alicia Vikander qui, à presque 27 ans, est l’étoile montante du cinéma (« Royal Affair », « Anna Karénine » et prochainement à l’affiche du film « The Danish Girl »). À ses côtés, nous retrouvons entre autres Taron Edgerton (« Kingsman ») dans le rôle de son frère Edward, ainsi que Kit Harington (« Game of Thrones ») qui incarne Roland Leighton.

Esthétiquement parlant, « Testament of Youth » est en constante évolution avec des plans qui regorgent au début de lumière et qui auront tendance à s’assombrir au cours du récit. Quant à l’image, elle devient de plus en plus instable avec l’utilisation de la caméra à l’épaule. Les gros plans sur le visage de l’héroïne se multiplient et viennent capter ses émotions au plus près. On regrette cependant la séquence dégoulinante de romantisme dans la première moitié du film entre Vera et Roland qui emprisonne l’héroïne dans une atmosphère larmoyante qui ne lui ressemble pas. Néanmoins, cela permet d’effectuer une coupure nette entre l’insouciance et l’excitation des moments d’avant-guerre et l’horreur qui s’en suivra. En construisant essentiellement le récit du point de vue de Vera, le film offre un regard féminin sur une guerre masculine et délivre un message pacifiste.

( Nathalie De Man )

_