Coup de coeur
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

Coup de coeurMEDUZOT

Shira Geffen & Etgar Keret (Israël-France 2007 - distributeur : CNC)

Sarah Adler, Nikol Leidman, Noa Knoller, Ma-nedita De Latorre, Zaharira Harifai

78 min.
27 février 2008
MEDUZOT

Vous mettez dans un shaker une écrivaine suicidaire, une actrice névrosée, une jeune mariée, une femme abandonnée, une émigrée et une vieille dame irascible.

Vous saupoudrez le tout d’un zeste de mélancolie, d’un chouia d’humour et vous obtenez une surprenante boisson.

Faite de poésie et de singularité. Et à boire sans trop se soucier des disharmonies entre les saveurs qui de toute façon se diluent dans une réalité que la pluie, les fuites d’eau et les vagues ne rendront jamais tangibles.

3 histoires, 3 rencontres avec des êtres humains en panne de pep. L’une parce que sa nuit de noces est ratée, l’autre parce que son ami l’a quittée et la troisième parce qu’elle se languit du fils dont elle est séparée.

Sur fond pastel de « La vie en rose » chantée en hébreu par Corinne Allal, « Meduzot » se déploie, sans fracas et avec un sens déchronométré du temps, entre morosité et drôlerie, frustration et désir, mer et mère.

Deux enfants illuminent cette balade insolite en rupture de ton avec l’image que l’on se fait d’une Tel-Aviv religieuse, hyper branchée ou violentée par de fréquents attentats.

Un petit garçon philippin pour lequel sa mère expatriée économise sou après sou de quoi lui acheter un bateau-jouet et une petite fille, surgie comme la Vénus de Botticelli de l’onde - elle en a la rousseur - qui ne se déplace que protégée d’une bouée à rayures rouges et blanches.

Cette bouée qui maintient l’autre à distance et qui, en même temps, est l’ultime objet qu’on lui lance pour le sauver. 

Le sauver en l’occurrence du silence, du repli sur soi dans lequel s’enlisent les personnages féminins de ce joli film qui flotte, comme une méduse, au gré des émotions et de l’imaginaire dont nous l’investissons.

Evidemment « Meduzot » est un film choral mais il est avant tout un film de cœurs. Essayant lorsque ceux-ci sont clos de les ouvrir par la grâce de gestes simples : une embrassade, une conversation, un emmitouflement dans une serviette de bain.

« Meduzot » est l’œuvre d’un couple d’écrivains - lui, Etgar Keret est romancier et novelliste, elle, Shira Geffen écrit des livres pour enfants - qui ont réussi leur transition de la plume à la caméra.

Privilégiant dans les deux modes d’expression sensibilité, subtilité et humanité dans le regard posé sur les êtres qui errent souvent sans savoir où ils vont ni qui ils sont.

« Meduzot » a obtenu la Caméra d’or lors du Festival de Cannes 2007. (m.c.a)