Comédie dramatique
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Coup de coeurMATCH POINT

Woody Allen (USA /GB 2005 - distributeur : Cinéart)

Scarlet Johansson, Jonathan Rhys Meyers, Emily Mortimer

123 min.
9 novembre 2005
MATCH POINT

Il n’est pas aisé de poser un regard personnel sur un film qui, avant même sa sortie, a suscité tant de critiques appréciatives .

J’ai donc délibérément choisi de l’évoquer à la lumière de la littérature dont Woody Allen est à ce point friand qu’il n’a pas hésité à glisser dans la poche de son héros un « Crimes et Châtiments ».

Le sujet du film est celui d’un jeune homme qui, comme une balle de tennis lorsqu’elle touche le filet, oscille entre deux possibilités : vivre une passion sensuelle ou s’engager dans une relation conjugale conventionnelle mais socialement valorisante.
Cette histoire rappelle celle magistralement orchestrée par Scorsese dans un film (*) insuffisamment valorisé « The age of innocence » (1993) et dans laquelle un homme doit choisir entre deux principes : celui du plaisir ou de la réalité.
Ce choix est-il possible ou bien échappe-t-il à la volonté de celui qui le pose, scellant ainsi un destin aux conséquences tantôt heureuses tantôt malheureuses ?

Le ton avec lequel Allen déploie son propos est plus sombre et acerbe que d’habitude.
Le réalisateur a décidé de poser son drame à Londres et non plus à Manhattan.

Il est vrai que le choix de l’Angleterre, pour mener une réflexion amère sur une classe sociale
rivée à sa notion d’échelle que seuls certains ont le droit de grimper, est un choix judicieux.
Henri James le savait déjà, lui qui, il y a cent ans, a fait ce même voyage de Manhattan à Londres pour y écrire un de ses romans les plus aboutis : « The Golden Bowl » (**) dans lequel un jeune homme se retrouve, comme le héros allenien, coincé entre une riche héritière et une amie de celle-ci moins fortunée mais plus libérée.

Voilà un cinéma comme on l’aime : géométriquement construit, subtilement écrit, adéquatement joué et dont le charme va de pair avec une cynique connaissance de l’âme humaine tragiquement
tiraillée entre le rationnel et l’irrationnel de la vie. (m.c.a)

(*) largement inspiré du roman éponyme d’Edith Wharton – prix Pultizer 1921
(**) mis en scène en 2000 par James Ivory, cet autre américain qui a choisi l’Angleterre comme lieu de renouveau créateur.