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MALVEILLANCE (MIENTRAS DUERMES)

Jaume Balaguero (Espagne 2011)

Maria Etura, Luis Tosar, Alberto San Juan

102 min.
25 janvier 2012
MALVEILLANCE (MIENTRAS DUERMES)

Clara et le gardien d’immeuble. Ou encore l’insouciance versus le tourment, la lumière opposée à l’ombre.

On le sait c’est dans la tension entre les contraires que se niche la capacité de faire peur.

Mais aussi les limites d’un genre, le thriller horrifique, vite atteintes dans ce dernier film de Jaume Balaguero qui, dans « Rec » avait pourtant réussi à renouveler, le codex en jouant sur des captieux rapports entre mise en scène proche du documentaire et récit macabre.

Est-ce le manque de rythme, le côté répétitif de la narration, le parti pris d’enrouler le récit autour d’une scène dont l’intensité semble avoir épuisé toute la force de l’œuvre, l’interprétation très inégale - fors Luis Tosar convaincant - qui usent l’attention du spectateur ?

Et l’incitent à se demander pour quelle raison suivrait-il le parti pris d’un cinéaste de noyer son intrigue de noirceur, de sadisme et pis encore de ce qui, espérons-le, ne deviendra pas la topique de ce début d’année - on pense à « Sleeping beauty » de Julia Leigh sorti la semaine dernière - droguer des jeunes femmes pour abuser de leur abandon corporel ?

A la liberté de l’artiste de développer ses fantasmes sur grand écran répond celle de ne pas avoir envie d’être partie prenante d’un huis-clos aussi malsain qu’immoral.

De vouloir garder une distance face à une démarche dont le savoir-faire est mis au service d’un avilissement qui renvoie dos à dos victime et bourreau.

A chacun de penser ce qu’il veut.

Mais à chacun aussi de choisir, s’il le veut, de n’accorder à ce regard intrusif, obsessionnel et maladif aucune reconnaissance.

Est-ce un hasard si le dernier film espagnol sorti sur nos écrans, "La piel que habito" de Pedro Almodovar et "Malveillance" semblent si peu doués pour le bonheur ?

Ou est-ce le reflet de la crise dans laquelle s’englue le pays - une façon crépusculaire d’être solidaire avec le mouvement des indignés ?  (mca)