Thriller
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LOST RIVER

Ryan Gosling (Etats-Unis, 2014)

Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Eva Mendes, Matt Smith, Reda Kateb...

95 min.
8 avril 2015
LOST RIVER

Un an après sa présentation à Cannes dans la section Un Certain Regard, « Lost River » , le très attendu premier film de Ryan Gosling derrière la caméra sort enfin en salle. L’acteur canadien y prouve une belle maitrise de la mise en scène : référentiel tout en restant personnel, ambitieux sans pour autant devenir prétentieux, ce premier film est une vraie réussite malgré un accueil plus que mitigé à Cannes l’année passée.

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une ville engloutie. Billy et son fils devront affronter bien des obstacles pour que leur famille s’en sorte.

Lost River est le nom de cette ville fictive au passé imaginaire, mais la cité délabrée où se déroule l’action c’est la banlieue bien réelle de Detroit. A Lost River, tout part à la dérive : on y désosse les bâtisses abandonnées qui tombent en ruine, on brûle des maisons… Un jeune délinquant sadique y fait la loi et terrorise tout le monde. Le spectre de la crise économique actuelle semble donc planer sur l’histoire et l’ancrer dans la réalité sociale de l’Amérique d’aujourd’hui, mais l’aspect de fable fantastique avec l’histoire d’une ville engloutie sous le lac et d’un sort qui doit être levé confèrent au récit un aspect plus universel et hors du temps.

Multipliant les références, « Lost River » fait penser à l’œuvre de Nicolas Winding Refn avec qui Ryan Gosling avait tourné « Drive » et « Only God Forgives » mais aussi à l’œuvre de David Lynch ou encore de Terrence Malick. Certains pourraient reprocher au scénario d’être un peu mince, mais n’oublions pas que « Lost River » est un conte, certes pour adultes mais un conte tout de même, et c’est surtout une œuvre hautement visuelle où la ville fantôme et les images parlent d’elles-mêmes. Ces images époustouflantes de beauté sont l’œuvre du belge Benoît Debie, le chef opérateur de Gaspard Noé.

La musique tient aussi un rôle primordial. Si la bande originale planante rappelle celle de « Drive », c’est parce qu’elle est signée par le même Johnny Jewel. Vous happant dès les premières images dans son monde onirique, « Lost River » se vit comme une expérience sensorielle fascinante et psychédélique.

Nadia Vodenitcharov