Réflexion politique
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LIONS FOR LAMBS

Robert Redford (USA 2007 - distributeur : 20th Century Fox)

Meryl Streep, Tom Cruise, Robert Redford, Derek Luke, Michael Pena

105 min.
7 novembre 2007
LIONS FOR LAMBS

Trois faces à faces. Entre une journaliste et un sénateur. Entre un professeur d’université et un élève. Entre deux GI’s parachutés quelque part en Afghanistan.

Trois façons pour le réalisateur de faire non pas de la politique mais un film ouvert sur la politique et ses nécessaires engagements. 

Robert Redford nous a habitués à un cinéma qui prend position et défend des points de vue qui mêlent conscience et idéaux.

Fidèle à son image de cinéaste vigilant, il s’octroie dans « Lions… » le rôle d’un enseignant qui raconte le parcours de deux étudiants partis combattre et mourir au front à l’un de ses élèves dont l’indifférence face à l’attitude prônée par les Etats-Unis dans sa lutte anti terrorriste l’étonne.

En soi, le propos est intéressant mais la façon dont il est décliné a tout du pensum. A la fois parce que l’on anticipe trop facilement la leçon de morale à venir et que la trajectoire de pensée du réalisateur aurait pu gagner en lisibilité.

Où veut-il en venir ?
A suggérer que les jeunes devraient s’engager dans la lutte ? Et si oui dans quelle lutte ? Armée ou conceptuelle ?

Trouve-t-il le geste de ses étudiants partis au front utile, vain ou naïf ? Le propose-t-il en exemple ? Ou en contre exemple dont il joue pour faire comprendre qu’il est temps d’envisager le combat contre le terrorisme autrement qu’en envahissant les pays supposés incarner l’axe du Mal ?

Reste à deviner, en raison de l’étiquette de gauche du cinéaste, que son discours est en fait un appel à la déconfiture des Républicains lors de la présidence électorale de l’automne 2008.

On aurait aimé que les choses soient dites plus simplement et plus clairement, tout comme on aurait aimé que le jeu de Tom Cruise ne soit pas limité à une zygomatique gymnastique, que celui de Meryl Streep plus frondeur et celui du cinéaste moins doctement sentencieux.

Le titre « Lions for lambs » est inspiré d’une citation d’un général allemand qui comparait, lors de la première guerre mondiale, la bravoure lion-esque des soldats à la lâcheté mouton-nesque des officiers.

Référence qui ne rend pas réellement hommage à l’élément positif du film à savoir la responsabilité qui incombe à chacun de faire ses propres choix plutôt que de subir ceux faits par d’autres.

Si cette affirmation citoyenne avait été soutenue par Robert Redford avec l’allant qui était le sien,
dans le prologue du « The way we were » de Sydney Pollack, pour défendre l’idée d’une Amérique porteuse d’espoir, le film aurait perdu en fadeur et gagné en profondeur (m.c.a)