4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s)

LET THE RIGHT ONE IN

Tomas Alfredson (Suède - Distribution : ABC Distribution)

Kåre Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar...

115 min.
15 juillet 2009
LET THE RIGHT ONE IN

Principalement auteur pour la télévision, Tomas Alfredson en est à son deuxième long métrage qui charme un public étranger. Après « Four Shades of Brown » nominé au festival de Rotterdam en 2004, « Let the Right One in » fait énormément parler de lui dans les festivals mondiaux. Non seulement il remporte chez nous le Corbeau d’Or 2009 du Festival du Film Fantastique de Bruxelles, ainsi que le prestigieux Méliès d’Or 2008 de la Fédération Européenne des Festivals de Films Fantastiques, mais il gagne également l’estime des Associations de Critiques de Films de San Francisco, San Diego, Toronto, Chicago,… et bien d’autres encore.

 

Ne sachant pas du tout à quoi m’attendre, ni même sachant que je rentrais dans la salle d’un « film de vampires » comme certains diraient péjorativement, j’ai été plus qu’agréablement surprise. Le film du suédois Tomas Alfredson fait preuve d’une poésie et d’une subtilité qu’on n’attribuerait généralement pas au genre.

 

Oskar est un garçon de douze ans que ses camarades de classe maltraitent à foison. Dans sa recherche de l’attitude à adopter face à la violence qui l’entoure aussi bien à l’école que dans les journaux, une fille de son immeuble à l’air sinistre et solitaire ne manquera pas de l’intriguer. Très vite une amitié liera ces deux êtres qui ne paraissent pas appartenir au même monde mais qui pourtant ne sont pas si opposés.

 

Des envies de meurtres, des meurtres, finalement où se trouve la différence ? Tel semble être le questionnement de « Let the Right One in ». Ce qui compte finalement c’est d’être fort, pour se faire une place dans la société.

 

Le cadre rappelle le superbe mais terriblement déprimant « Lilja 4-Ever » de Lukas Moodysson, où une cour intérieure s’établit comme le lieu de rencontres des jeunes adolescents seuls face à leur conflits et ceux d’un monde sans pitié.

Mais contrairement à Moodysson, Alfredson choisit une esthétique réaliste magique souvent chère aux films nordiques, qui lui permet de questionner la fine barrière qui sépare la fiction de la réalité. Des éléments de plus en plus inquiétants viennent perturber le réalisme du film et dérangent notre crédulité en nous entrainant dans un monde où la magie devient partie intégrante.

 

La photographie et la bande son nous immergent alors si bien dans la fiction que même sa littérale explosion climatique, qui peut faire penser à la série des « Exorcistes », ne fait que renforcer la vraisemblance du récit et son allégorie de la brutalité de la société actuelle. L’étrange se mêlant ainsi au réalisme des images du nord reflète nos propres peurs et désirs intérieurs. En poussant notre identification avec Eli la fille vampire, le réalisateur nous amène également à nous interroger sur la cause des meurtres, les justifications qu’on peut leur donner et sur la violence à tel point répandue dans les médias qu’elle en devient banalisée et presque « normale ».

 

Effrayants propos mais tellement vrais, construits dans une image à la fois poétique et sociale qui ne laisse pas indifférent… ( Maud Ceuterick )

_