Drame intimiste
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LES YEUX DE SA MERE

Thierry Klifa

Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Géraldine Pailhas, Marisa Paredes, Jean-Marc Barr

105 min.
30 mars 2011
LES YEUX DE SA MERE

On dit souvent qu’un bon générique définit tout un film. Si l’on suit ce critère, le générique flou des Yeux de sa mère est excellent : ses figures troubles illustrent parfaitement la confusion générale de l’intrigue. 

La prémisse était bonne, la distribution, une valeur sure. Or le film manque d’un ingrédient : la cohérence. Trois histoires parallèles : un homme (Nicolas Duvauchelle) infiltre la vie privée d’une star du petit écran (Catherine Deneuve) ; ladite star est évincée après 15 ans de loyaux services ; une femme (Géraldine Pailhas) part à la recherche du fils qu’elle avait abandonné dans sa jeunesse. Trois intrigues à haut potentiel émotionnel et pourtant, on se détache.

Le film est trop inégal : le jeu des acteurs passe du naturel au théâtral, les scènes changent perpétuellement de ton, les idées se multiplient sans jamais aboutir. Entre le mélodrame et le thriller, Thierry Klifa n’a pas su choisir, et son indécision inonde l’écran.

L’ombre du scénariste pèse lourdement : tout est construit. Plus que sur la mise en scène ou sur la musique (joliment composée par Gustavo Santaolalla), le suspense du film repose sur une rétention permanente d’informations, pourtant nécessaires à sa bonne compréhension. Les personnages perdent de leur aura à entretenir explicitement (et sans raisons) un mystère (qui, de surcroît, n’a pas grande importance).

L’histoire est donc alambiquée, mais certaines séquences (en particulier une mise en parallèle de trois performances – boxe, danse, émission télévisée) marqueront la mémoire et éclaireront un développement généralement peu original.

Au final, ce qu’on retient de Les Yeux de sa mère c’est une escalade de bonnes idées jamais complètement exploitées, comme ce jeu sur le regard annoncé par le titre et qui investira d’une force inquiétante les vingt premières minutes. Une technique intéressante pourtant abandonnée par la suite.

Au sortir de la salle, on trouvera dans la bouche un petit gout amer : le regret d’être passé à côté d’un film plein de promesses. (Aurélie Waeterinckx)

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