Virginie Efira, Arieh Worthalter, Mama Prassinos
Jimmy (Arieh Worthalter) est chauffeur routier dans sa propre entreprise ; Karine (Virginie Efira) est ouvrière dans une usine agroalimentaire. Ils forment un couple uni et amoureux depuis plus de vingt ans et une famille soudée avec leurs deux adolescents.
L’engagement de Karine au sein du mouvement de contestation populaire des Gilets Jaunes vient faire vaciller cet équilibre conjugal et familial. A mesure que son engagement prend de l’ampleur, une distance, d’abord imperceptible puis de plus en plus tangible, s’installe au sein de leur couple. « Les Braises », troisième long-métrage du cinéaste français Thomas Kruithof, invite les spectateurs et spectatrices à suivre les répercussions émotionnelles et humaines qu’ont les évènements sur les principaux protagonistes. Emportée par la force du collectif et la défense de ses convictions, Karine doit faire face, d’abord à l’inquiétude mais surtout à l’incompréhension de son mari qui ne partage pas son engagement.
Outre cette dimension plus intimiste, le film apporte un éclairage juste et intéressant sur le mouvement des Gilets Jaunes, souvent décrédibilisé par les médias et le monde politique. Décrit de l’intérieur, il revient sur la mise en place du mouvement, ses idéaux mais aussi les difficultés de concilier les points de vue. Les scènes de mobilisation témoignent de la force du groupe et de la solidarité qui unit les personnes qui s’y regroupent au nom de leurs revendications. Tout en proposant une mise en scène sobre et réaliste, « Les Braises » ne fait pas l’impasse sur la répression disproportionnée dont le mouvement et ses membres ont parfois pu être victimes.
Virginie Efira est crédible dans le rôle d’une femme engagée, pétrie de convictions. Arieh Worthalter, plus en retrait, est également juste dans le costume du chef d’entreprise qui se bat pour sa survie. Tourné en partie à Limoges, le film a également fait appel à plusieurs anciens membres des Gilets Jaunes comme figurants (1), ce qui démontre, si besoin était, l’ancrage réaliste du film.
Même s’il souffre parfois de quelques longueurs, le film de Thomas Kruithof a le mérite d’apporter un regard neuf sur un mouvement parfois méconnu qui avait pour ambition de défendre un modèle de société plus équitable. En ces temps incertains où la contestation gronde, il est on ne peut plus actuel.
Vanessa Pitaels