Coup de coeur
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Coup de coeurLE VOYAGE DU DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES

Eran Riklis (Israël, France, Allemagne, Roumanie - 2010)

Mark Ivanir Guri Alfi, Noah Silver, Rozina Cambos...

109 min.
8 juin 2011
LE VOYAGE DU DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES

Meilleur film israélien de l’année 2010, mais aussi prix du public au Festival de Locarno, « Le voyage du directeur des ressources humaines » d’Eran Riklis traite d’un voyage professionnel qui devient un voyage intérieur à la reconquête de sa propre humanité.

Yulia Petracke, une employée de la plus grande boulangerie industrielle de Jérusalem est morte dans un attentat, mais un mois après son décès, son corps est toujours à la morgue parce que personne n’a remarqué sa disparition. La presse s’empare de l’affaire et accuse la boulangerie d’inhumanité et d’indifférence. La patronne désirant redorer le blason de l’entreprise et faire amende honorable, elle charge le Directeur des Ressources Humaines de rapatrier le corps de la jeune femme dans son pays d’origine, la Roumanie.

Dès le passage de Jérusalem à la Roumanie, le film se transforme en road-movie tragi-comique qui servira de voyage initiatique au protagoniste, un homme aigri qui s’est récemment séparé de se femme et qui n’aime pas son travail. Trop renfermé dans ses propres problèmes familiaux et professionnels, il ne semble pas se préoccuper des autres. C’est en côtoyant la mort qu’il reprend réellement vie et qu’il découvre l’aspect ‘humain’ de sa tâche. Confronté à un journaliste ‘fouine’ et pot de colle, à une consule à moitié folle et au fils de la défunte en pleine révolte adolescente, le DRH découvrira toutes les nuances des relations humaines.

La mise en scène d’Eran Riklis privilégie la lenteur teintée de mélancolie sans jamais susciter l’ennui. Agrémenté d’une belle bande originale aux accents tziganes, et d’une remarquable direction photo qui met en valeur les étendues enneigées de la Roumanie en faisant ressortir la beauté de la laideur post-totalitaire du paysage, le film gagne en poésie.

Peut-être un peu prévisible, mais « Le voyage du directeur des ressources humaines » n’en est pas moins une œuvre humaniste qui touchera même le plus cynique des spectateurs.

Nadia Vodenitcharov