De 7 à 77 ans
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LE RENARD ET L’ENFANT

Luc Jacquet (France 2007 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Bertille Noël-Bruneau, les renards et la voix d’Isabelle Carré

92 min.
12 décembre 2007
LE RENARD ET L'ENFANT

Si les images (trop) léchées, les bons sentiments et les meilleures intentions ne sont pas pour vous des gages de qualité, ce « Renard… » ne vous séduira pas.

Si vous avez charge d’âmes (entre 6 et 10 ans) et que l’esprit didactique de Luc Jacquet, le Nicolas Hulot ou le Yann Arthus Bertrand du 7ème art, ne vous agace pas, ce « Renard… » peut susciter votre intérêt.

Une petite fille rencontre un renard. Le regard, la grâce et la précision de l’animal à dénicher sa proie la fascinent. Elle décide de l’apprivoiser.

L’histoire est simple, racontée simplement et s’adresse en priorité aux jeunes enfants, aux écolos de tous âges et à tous ceux qu’émerveille une nature sublimée au point d’en devenir artificielle.

Alors que, et c’est là LE mérite de ce film, il ne sacrifie pas à la mode du numérique, préférant le plaisir de filmer des vrais animaux dans leurs réels lieux de vie.

Le fait que « Le renard… » ne soit pas dialogué mais raconté en voix off par Isabelle Carré transcende l’amitié, somme toute anecdotique, entre la fillette et l’animal et lui confère une valeur de fable à laquelle La Fontaine aurait pu accorder sa bénédiction si elle avait été traitée avec moins d’évidence pédagogique et idéologique. Et avec la limpidité sans coquetterie d’Albert Lamorisse dans "Crin Blanc".

La ligne de force du discours de Jacquet est claire, trop claire peut-être pour échapper à une impression sermonneuse bien dans l’air du temps : pour vivre dans un monde meilleur il est nécessaire de respecter la nature.

Peut mettre mal à l’aise le déséquilibre entre le propos d’un cinéaste habité par une vocation de missionnaire - sensibiliser l’homme à l’importance de son rapport équilibré à l’environnement - et la joliesse trop insistante d’une mise en scène qui enlève au film de sa sincérité et de son naturel.

Reste la frimousse craquante d’une fillette, déjà vue dans « La petite chartreuse » de Jean-Pierre Denis, dont la rousseur s’accorde à la couleur du renard et permet, de se demander si, parmi les degrés de lecture auxquels invite toute fiction, l’inapprivoisabilité de l’animal ne peut pas être décodée autrement qu’une réflexion sur la relation que l’homme entretient avec la nature.

Mais aussi comme une prise de conscience par une enfant, proche de la puberté, qu’une part d’elle-même restera toujours sauvage.(*)

Auquel cas, de film animalier, qu’il est sûrement, « Le renard… » devient le film initiatique qu’il est peut-être aussi. (m.c.a)

(*) Et incontrôlable comme dans la belle nouvelle "The fox" de D.H. Lawrence mise en scène par Mark Rydell en 1967.