A voir en priorité
4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s)

LE PASSE

Asghar Farhadi

Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Babak Karimi, Pauline Burlet, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Sabrina Ouazani

130 min.
29 mai 2013
LE PASSE

Le Passé : du simple au subjectif imparfait

Dans son précédent et très émouvant film Une Séparation , le réalisateur iranien Asghar Farhadi avait mis en scène les déchirements liés au divorce. Avec Le Passé, nous plongeons au cœur des malaises d’une famille recomposée, bâtie sur un passé qui resurgit et perturbe la continuité du présent. La question est de savoir si on peut laisser le passé derrière nous.

A la demande de son ex-femme Marie, Ahmad arrive en France afin d’officialiser leur divorce et se retrouve intimement impliqué dans la nouvelle vie qu’elle tente de recréer avec Samir. D’un tempérament incroyablement serein, Ahmad endosse le rôle de médiateur, tantôt entre Marie et sa fille adolescente, tantôt entre Marie et Samir.

Telle une enquête psychanalytique, l’histoire qui se déploie sous nos yeux montre à quel point chacun cherche à élucider les problèmes en ressassant douloureusement le passé. Il n’y a pas de coupable, ni de vérité unique, qui serait à l’origine des tensions actuelles, mais, en soulevant les silences des non-dits, des secrets et des mensonges qui pèsent sur chacun, les blessures se rouvrent et la confusion s’installe. Alors, comment réussir à régler les problèmes du passé pour pouvoir les mettre de côté une fois pour toutes et passer à autre chose ?

Le cinéaste manie l’art du détail symbolique à merveille, car rien n’est anodin et chaque situation, chaque événement, est chargé de sens, sans affecter le réalisme de la mise en scène. Ce qui est frappant aussi, c’est qu’avec Asghar Farhadi, il n’ y a pas qu’un seul personnage principal, mais bien plusieurs, car dans les situations qu’il dépeint, les relations humaines sont telles, que l’autre et sa perception des choses est aussi importante que celle d’un individu seul.

On a envie de les étreindre et de pleurer un bon coup avec eux ; que ce soit avec Marie (Bérénice Béjo, prix de l’interprétation féminine à Cannes !), Ahmad (Ali Mosaffa) ou Samir (Tahar Rahim), a priori des adultes posés, mais dont la vulnérabilité éclate, car quelque chose les dépasse, ils n’ont pas prise et ne peuvent tout contrôler. Ou encore les enfants, victimes et par conséquent également acteurs des malaises affectifs qui les lient à leurs parents.

De manière subtile, Ashgar Farhadi invite le spectateur à être lui-même l’enquêteur, à analyser les faits de façon active afin de constater que selon l’information reçue, notre jugement change. Un film bouleversant où, comme le dit le médecin, il y aura toujours un doute.

(Luz)