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LARGO WINCH

Jérome Salle (France - distributeur : Wild Bunch Distribution)

Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Mélanie Thièrry, Karel Roden, Anne Cosigny, Glibert Melki

98 min.
17 décembre 2008
LARGO WINCH

Adapter une bande dessinée au cinéma n’est pas chose facile, surtout lorsque la BD originelle est un classique du genre, portée aux nues par une troupe de fans exaltés et impatients d’en découvrir une version animée. C’est donc à un exercice de style que se livre Jérôme Salle en réalisant « Largo Winch ». Une épreuve périlleuse qu’il réussit plutôt bien.

En prenant le parti de ne s’interdire aucune restriction en termes d’écriture, Jérôme Salle et son coscénariste Julien Rappeneau se permettent des modifications par rapport à l’histoire contée dans la bande dessinée. Ils gardent les points forts, élaguent les intrigues connexes, afin de créer une narration proprement cinématographique. Un récit qui fonctionne selon une dynamique soutenue, se jouant de rythmes multiples et divers pour rendre compte des différentes facettes de l’histoire.

Car c’est bien là la richesse de la BD que de présenter une diversité de registre de récit au sein d’une seule intrigue. Au-delà du caractère d’aventure emblématique de « Largo Winch » se profile l’axe de thriller financier ainsi qu’une dimension plus intime, centrée sur la psychologie du héros, son parcours personnel, son chemin identitaire. C’est donc une histoire feuilletée, qui se démultiplie en son sein que « Largo Winch ». Et c’est cette diversité que le réalisateur exploite au maximum, en utilisant les possibilités du cinéma de façon intensive. 

Jérôme Salle ne cherche en effet pas à reproduire l’esthétique de la BD, pour au contraire tendre vers une vision personnelle de « Largo Winch », qui s’exprime tant dans ses choix narratifs que dans la volonté d’en faire une version cinématographique au sens fort du terme. Il exploite les paramètres filmiques de manière poussée, usant de profondeur de champs révélateurs, de mouvements caméras entrainants, d’un montage tantôt rapide, tantôt posé, s’accordant aux différentes typologies de l’histoire. Il fait de plus preuve d’une maitrise de l’image signifiante, où la luminosité flamboyante des souvenirs d’enfance en Croatie se heurte à la noirceur du monde financier de Hong-Kong.

Une réalisation intelligente pour un film d’aventure made in France, ce qui n’est pas sans attirer l’attention. S’il bénéficie d’un budget impressionnant pour une réalisation française, « Largo Winch » ne sombre pas dans la superproduction lobotomisée.

C’est un film d’action certes, pleinement ancré dans le genre, avec une intrigue complexe et rapide, ainsi que nombre de cascades et d’actions. De par ce caractère un rien cloisonné, il ne parviendra sans doute pas à toucher chaque spectateur.

« Largo Winch » n’en est pas moins un bon film de genre, qui entraine avec dynamisme dans son récit et tient en haleine, pour peu que l’on se donne les moyens de le suivre. (Justine Gustin)