Comédie sociale
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LA VIE D’ARTISTE

Marc Fitoussi (France 2007 - distributeur : Victory Films)

Sandrine Kiberlain, Emilie Dequenne, Denys Podalydès, Grégroire Leprince-Ringuet

107 min.
5 septembre 2007
LA VIE D'ARTISTE

La trouvaille de ce film, léger et désabusé, est d’avoir choisi pour interpréter des personnages qui se demandent s’ils ont du talent, des acteurs dont les qualités de jeu sont évidentes.

Cora chante. Alice est actrice. Bertrand écrit. Tous les trois ont l’impression de passer à côté de leur vie parce qu’ils ne sont pas reconnus à la hauteur de leurs ambitions.

Chacun pourtant s’accroche à son rêve et n’y renoncera qu’après avoir livré bataille contre lui-même et contre la cruauté d’un monde qui demande, pour y réussir, de la chance. Et chacun sait que celle-ci ne croise pas les doigts, avec le même résultat, au-dessus de toutes les têtes.

« La vie… » aborde, sans écran de fumée, les difficultés d’une profession dont les doutes, désillusions et frustrations sont le quotidien lorsque le succès n’est pas au rendez-vous.

Film à feuillets plutôt que film choral, - parce que les héros ne se croisent jamais - il ne fait l’impasse d’aucune des déconvenues (tout en ayant l’élégance d’épargner au spectateur le couplet libidino-attendu sur les effets des promo-canapés.) que doit affronter le trio en quête de reconnaissance : pour l’une ce seront des rencontres ratées avec une chercheuse de tête pour « Star’Ac » et un compositeur has been, pour l’autre des courses aux castings et pour le troisième la douloureuse prise de conscience de son absence de talent.

Le propos de « La vie… » n’est pas de s’intéresser aux artistes qui réussissent mais à ceux qui rament parce qu’ils ne se posent pas THE bonne question : ai-je les dispositions pour réaliser mon désir ? Il souligne aussi, avec une jubilatoire finesse, qu’il n’y a pas de honte à être récompensé pour ce que l’on fait (bien) même si le domaine dans lequel on se distingue est considéré comme mineur - le doublage de dessins animés japonais - par rapport aux arts dits majeurs que sont les cinéma et théâtre d’auteur.

Dans ce premier long métrage, Marc Fitoussi parle de ses personnages avec moins de virulence que Bertrand Blier dans « Les acteurs » et autant d’humanité qu’Yves Robert dans « Salut l’artiste ».

Comme dans « Entrée des artistes » de Marc Allégret, tous les comédiens sont excellents. A l’aise et justes dans leur partition. Sont à épingler, dans des petits rôles surprenants, les retours bienvenus de Claire Maurier, Maria Schneider et Jean-Pierre Kalfon.

Quant au jeune Grégoire Leprince-Ringuet, l’occasion est donnée, pour la cinquième fois (*), de le
croire taillé pour le bon voire le meilleur du 7ème art.

Il n’est pas exclu que le titre du film soit inspiré par les paroles des chansons de Léo Ferré ou de Jeff Bodard et même si ce n’est pas tout à fait vrai, un coup de clic sur le site www.paroles.net permet de les relire avec émotion. (m.c.a)

(*) après « Les égarés » d’André Téchiné, « Selon Charlie » de Nicole Garcia, « Les chansons d’amour » de Christophe Honoré et « Voleurs de chevaux » de Micha Wald