Judy Greer, Woody Harrelson, Andy Serkis, Gabriel Chavarria, Steve Zahn, Aleks Paunovic
César et les Singes sont contraints de mener un combat dont ils ne veulent pas contre une armée d’Humains dirigée par un Colonel impitoyable. Les Singes connaissent des pertes considérables et César, dans sa quête de vengeance, va devoir lutter contre ses instincts les plus noirs. Au terme d’un périple qui le conduira à un face à face avec le Colonel, les Singes et les Humains vont se livrer une guerre sans merci à l’issue de laquelle une seule des deux espèces survivra -et dominera la planète.
« La Planète des Singes – Suprématie » vient boucler en beauté cette trilogie de « La Planète des Singes » qui avait commencé en 2011 avec « La Planète des Singes – Les Origines » de Rupert Wyatt. Matt Reeves qui avait réalisé le deuxième volet « La Planète des singes - L’Affrontement », signe une fin épique. Pour nous, il s’agit clairement de l’épisode le plus mature et le mieux maitrisé de toute la franchise.
Classique dans sa structure tout en étant très efficace sur le plan de la narration et de la mise en scène, « La Planète des Singes – Suprématie » alterne entre le western (chevauchées, bagarres, paysages sauvages et austères, …) et le film de guerre (sacrifice des combattants, perte de l’innocence, conflits,…). Si le film dure 2h20, la gestion du rythme nous empêche de nous ennuyer. Celui-ci s’accélère dans les scènes d’action et ralentit à l’extrême dans les moments plus intimes entre les personnages. Quant aux effets spéciaux, ils sont à couper le souffle. Matt Reeves n’hésite pas non plus à citer quelques classiques, comme par exemple avec ce jeu de mots où « Apocalypse Now » devient « Ape-Pocalyse Now ». Mais il y a d’autres références plus subtiles comme la scène qui ouvre le film dans la forêt et nous fait penser à « The Thin Red » de Terrence Malick.
Si dans les films précédents nous étions davantage du côté des humains, ici nous adoptons clairement le point de vue du clan des Singes. Le réalisateur assume cet aspect dès le début du film en faisant entrer César dans une scène en plan subjectif. La caméra remplace ainsi son regard et invite le spectateur à s’identifier à lui. Ensuite, une série de scènes stratégiques sont mises en place pour nous montrer qu’une famille de singes n’est pas si différente d’une famille humaine.
Rapidement, on assiste à un basculement dans l’esprit de César. Suite à un événement qui arrive au début du récit, une haine envers les humains va se développer en son for intérieur. Soyons néanmoins précis, ce sentiment vise avant tout un humain en particulier qu’il va vouloir tuer à tout prix. Cette vengeance va devenir son objectif principal et va susciter en lui une série de questionnements jusqu’à le faire douter sur son identité. Il finit par se dire qu’il n’est peut-être pas si différent de Koba, ce singe qu’il a affronté dans le passé. Nous sommes totalement immergés dans ses pensées. Il nous faut pour cela saluer l’interprétation d’Andy Serkis qui finit de nous prouver à quel point il est doué pour exploiter le potentiel de la technologie de la performance capture. C’est aussi lui qui s’était glissé dans la peau de Gollum. Mais la suite du casting n’est pas en reste et on ne manquera pas de souligner l’interprétation de la jeune Amiah Miller ainsi que celles de Karun Konoval en Maurice et de Steve Zahn en Bad Ape, ce personnage qui vient apporter un peu de légèreté et d’humour au récit.
Une fois de plus, nous sommes face à un film qui nous renvoie une image de notre société. Les Singes, ce sont les autres, ceux qui sont différents de nous et que l’on traite en ennemis parce qu’on a peur qu’ils nous envahissent. Il est question de camp de travail, de mur, … autant d’éléments qui nous renvoient à notre réalité et à des événements du passé (Seconde Guerre mondiale, etc.). Le récit a aussi des résonances bibliques, puisque César devient une sorte de Moïse. La guerre n’a rien d’exaltant, au contraire. Tous espèrent un lendemain meilleur. Le film développe une vision qui va à l’encontre du manichéisme. Personne n’est totalement méchant ou gentil, chacun a un vécu qui fait de lui ce qu’il est aujourd’hui.
Finalement, ce ne sont si les singes, ni les hommes qui auront le dernier mot, mais la nature. Celle que tout le monde tente de dominer mais qui finit par reprendre ses droits dans un élan où elle balaie tout sur son passage. Si « La Planètes des singes – Suprématie » a des allures de film d’action, il va bien au-delà et mise sur un contenu très humanisé en développant au maximum le personnage de César. Le tout est sublimé par une bande-son exceptionnelle qui vient apporter la touche finale pour en faire LE blockbuster hollywoodien de l’été.
(Nathalie De Man)