C’est du Belge
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LA PART SAUVAGE

Guérin Van de Vorst

Vincent Rottiers, Simon Caudry, Johan Libéreau, Salomé Richard, Walid Afkir, Sébastien Houbani

100 min.
14 mars 2018
LA PART SAUVAGE

Ben (Vincent Rottiers) sort de 6 mois de prison et n’a qu’une idée en tête : renouer avec son fils, Samir. Mais, celui-ci ne l’attend plus et son ex-femme, Nadia (Amel Benaïssa), ne lui fait pas confiance pour le laisser seul avec le garçon. En prison, Ben s’est converti à l’Islam et tente de retrouver son salut en suivant les règles de vie que lui impose son « maitre à penser », Mustapha. Celui-ci l’incite à croire qu’il ne trouvera jamais sa place dans cette société. De travail de réinsertion en petites récidives, d’amitiés sincères en tentation intégriste, Ben va mener son combat pour résister à la haine et retrouver sa dignité d’homme libre.

« La part sauvage » est le premier long métrage de fiction de Guérin Van de Vorst. Réalisateur bruxellois, il pose sa caméra au cœur de la capitale ; le long du chemin de fer, aux abords du Canal, ainsi que dans les rues étroites de la ville. À côté des beaux quartiers et des attractions touristiques, Guérin Van de Vorst nous plonge dans le quotidien d’un jeune homme un peu paumé à sa sortie de prison. Le film questionne également le problème de la religion islamique et de sa radicalisation. Cependant, ce thème très actuel est laissé au second plan, parce que le point central, c’est Ben. À plusieurs reprises, le réalisateur a fait le choix de s’attarder sur le visage de Vincent Rottiers avant de nous présenter la scène dans un plus large plan. Ainsi, en tant que spectateur, on ne peut qu’être attendri par ce jeune père.

Ben cherche à renouer le contact avec son fils et déploie tous les moyens nécessaires : l’attendre devant la grille de l’école durant la récréation, emprunter sans permission une voiture du garage pour lequel il travaille ou encore faire faire le mur à Samir. Ben n’est pas toujours en phase avec les règles du monde adulte. On se demande parfois lequel est le père et lequel est l’enfant. Ben est perdu et n’a pas conscience des réalités sociales et matérielles. Samir, lui, n’est qu’un enfant et reprend les termes qu’il entend des adultes. Il annoncera ainsi à son père : « ça ne sert à rien que l’on se voit parce que tu es un peu fou ». Nul doute qu’il a dû entendre ces mots chez sa mère, mais, malgré les réticences de cette dernière, les deux hommes continuent de se voir. Ben entretient une relation très honnête avec Samir. Il lui dit la vérité à propos de ses mois d’absence et ne cherche pas à se présenter en « héros ». De ce fait, lorsque l’enfant est impressionné par les braquages de son père, Ben met directement un terme à cette fascination.

Cette relation père-fils est touchante et Vincent Rottiers interprète avec brio ce jeune homme en quête de repères familiaux. Depuis une dizaine d’années, l’acteur enchaine les rôles, et, même si on le retrouve de temps à autre dans des comédies plus légères (« Bodybuilder », « Valentin Valentin »), c’est plus généralement dans le rôle du gangster paumé et sensible qu’on le voit à l’écran (« Money », « Nocturama »). Si ce personnage lui colle un peu à la peau, il lui va très bien et dans « La part sauvage », on se délecte de le voir jouer sous l’œil attentif de Guérin Van de Vorst.

(Laura Istace)