Chronique sentimentale
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LA MAISON

Manuel Poirier (France 2007 - distributeur : Benelux Film Distributors)

Sergi Lopez, Bérénice Bejo, Barbara Schultz

95 min.
10 octobre 2007
LA MAISON

Les complices de cinéma ne courent pas les rues. C’est pourquoi on est content de les retrouver, échappant ainsi à l’errance des rencontres cinématographiques éphémères.

Le tandem Poirier/Lopez (*) fonctionne comme un vieux couple. Ils n’ont plus besoin d’esbroufe ou de démonstratives déclarations pour montrer qu’il s’entendent et que leur relation repose sur de solides bases.

Dans « La maison », ils se déplacent avec la simplicité et la profondeur de ceux qui se connaissent et ont envie d’œuvrer ensemble pour soutenir un propos délicat.

Malo a 40 ans. Il est en instance de divorce. Ses enfants partent en vacances, pour la première fois sans doute, sans lui. Au cours d’une balade dans la campagne, il découvre une maison et sa propriétaire contrainte de la mettre en vente. Il tombera amoureux de la première et sera bouleversé par la seconde.

Il y a dans « La maison » quelque chose du « Chemins de traverse » du même Poirier. Ce quelque chose qui ressemble à la crise de mi-vie et met l’homme face à des questions dont les réponses ne peuvent être que vagues ou insaisissables.

Comment aborder l’autre versant de la quarantaine, sans être englué par les erreurs/échecs du passé. Comment éviter le scepticisme face aux espoirs d’un possible nouveau départ ?

Pendulant entre la chronique douce-amère et le film intimiste « La maison » séduit par sa justesse de ton et sa modestie rappelant qu’il n’y a pas de honte à révéler ses émotions, ses peurs et ses sentiments de culpabilité.

Il n’y pas de séisme sentimental dans cette histoire tramée des fils ordinaires du quotidien, ni de recette de bonheur, il y a juste, tissées aux points de croix, les interrogations d’humains désarçonnés par les changements de leur vie et de la vie en général. Les désarrois d’ hommes et de femmes qui prennent conscience qu’exister c’est accepter d’avancer sans savoir de quoi demain sera fait.

Sergi Lopez sait donner aux fragilités du cœur résonance et sincérité. Il est aidé dans cette expression mezzo voce du désarroi par des actrices - notamment Bérénice Bejo - au jeu étonnamment impressionniste.

Avec une pudeur grave et respectueuse du quant-à-soi de ses interprètes, Manuel Poirier est une espèce de Don Quichotte en quête, moins d’une inaccessible étoile, que d’un endroit où pouvoir se créer, poser et conserver ses souvenirs. Un endroit - « La maison » dans lequel on n’arriverait pas en fuyant, selon les paroles de la chanson écoutée en boucle par Malo, mais dans lequel on resterait parce qu’on s’y sent bien. (m.c.a)

(*) dont c’est à ce jour la huitième rencontre qui scelle, depuis « La petite amie d’Antonio » les « noces de cristal » du réalisateur et de l’acteur